Dérapage de la masse monétaire européenne

Chaque nouvelle journée apporte son lot de mauvaises nouvelles pour la Banque centrale européenne. Après avoir assisté impuissants à une nouvelle chute libre de l'euro jeudi, Wim Duisenberg et son équipe ont pris vendredi un nouveau mauvais coup avec l'annonce d'un dérapage inattendu de la monnaie en circulation au sein des Douze. M3 - qui correspond à une définition large de la masse monétaire incluant non seulement les billets et les pièces, mais aussi les dépôts à court et moyen terme - a grimpé de 5,4% en glissement annuel en mai, alors que sa croissance n'était que de 4,8% en avril et de 4,6% en mars.Une nouvelle fois, la hausse de M3 s'éloigne donc du seuil de référence de 4,5% retenu par la Banque centrale européenne pour orienter ses décisions de politique monétaire. Dans le jargon en usage à Francfort, M3 correspond au "premier pilier" de la stratégie de la BCE, le second réunissant un grand nombre d'indicateurs économiques comme le taux de change de l'euro, le taux de croissance, l'évolution des salaires... La BCE utilise M3 comme un indicateur avancé des tensions inflationnistes qui pourraient se manifester dans les prochains mois dans la zone euro, et ajuste en conséquence ses taux d'intérêt.Le nouvelle poussée de M3 rend plus ardue encore la tâche de la Banque centrale européenne. Malgré le ralentissement de la croissance perceptible sur le Vieux Continent, la BCE n'a pu réduire ses taux d'intérêt que d'un quart de point depuis le début de l'année, alors que la Réserve fédérale américaine les a baissé de 275 points de base. La hausse quasiment ininterrompue de l'inflation européenne - elle a atteint un pic à 3,4% en mai - a considérablement réduit la marge de manoeuvre de la BCE. Aujourd'hui, la hausse de 5,4% de M3 semble exclure, tout au moins dans un futur proche, une poursuite de la baisse des taux.Pour ne rien arranger, les banquiers centraux européens doivent se préparer à une levée de bouclier des dirigeants des Douze. Ceux-ci risquent de faire pression par tous les moyens pour obtenir un assouplissement monétaire qu'ils jugent nécessaires à la reprise de leurs économies. Déjà, vendredi matin, le chancelier allemand Gerhard Schroeder a estimé que la Banque centrale européenne devait "prendre ses responsabilités" en matière de politique monétaire pour soutenir la croissance en Allemagne et dans la zone euro. En moins d'une semaine, c'est la seconde fois que le chancelier allemand pousse la BCE à procéder à un relâchement monétaire.latribune.f
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