Evariste Lefeuvre (CDC-Ixis) : "La Fed n'a aucune raison de stopper le mouvement de baisse des taux"

latribune.fr - Quelle sera, selon vous, l'attitude la Réserve fédérale américaine (Fed) ce soir ?Evariste Lefeuvre - La Fed n'a aucune raison de stopper le mouvement, elle devrait donc réduire ses taux une nouvelle fois de 50 points de base lors de sa réunion de ce soir. L'économie américaine souffre d'un manque de visibilité totale et c'est cette incertitude qui nourrit les actions agressives de la Réserve fédérale américaine. Certes, certains chiffres comme les ventes au détail ou l'indice de l'Université du Michigan sont apparus comme encourageants mais on n'est pas arrivé au terme de la détérioration du marché du travail et cela va peser sur le comportement des consommateurs. De plus, il est clair qu'actuellement les banques sont très réticentes à accorder du crédit aux entreprises. Dans ce contexte, la Fed veut aider. Cependant, il me semble qu'après une baisse de 50 points de base aujourd'hui, on peut imaginer que la Réserve fédérale marquera une pause lors de sa prochaine réunion, à la fin du mois de juin, surtout si l'économie américaine montre quelques signes de stabilisation. Comment se comportera l'économie américaine dans les mois à venir ?Elle ne devrait pas montrer un visage très joyeux avant l'année prochaine. Il ne faut pas compter sur un redémarrage rapide mais il n'y aura pas d'effondrement non plus. Le deuxième trimestre devrait être un point bas avec un PIB proche de zéro où on notera une décélération de la consommation. Le deuxième semestre devrait permettre d'assister à une stabilisation voire à une croissance faible. Pour l'ensemble de 2001, nous tablons chez CDC-Ixis sur une hausse du PIB comprise dans une fourchette allant de 1,8% à 2%. Le retour à une croissance forte ne sera perceptible qu'avec une reprise de l'investissement qui n'est pas attendue avant la fin de l'année.La consommation a fait montre d'une bonne résistance au premier trimestre, comment l'expliquez-vous ?La consommation a effectivement tenu le coup mais elle a décéléré. Les Américains ont donc procédé à des ajustements de leur rythme de dépenses. De plus, la multiplication des rabais est susceptible d'avoir soutenu les ventes, même si ce n'est pas l'hypothèse la plus convaincante. Enfin, il faut noter que les ménages sont nettement moins contraints par les banques que ne le sont les entreprises en matière de crédit. Cependant, la dégradation du marché du travail va se poursuivre et cela va peser sur les comportements. Nous tablons sur un taux de chômage à 5% à la fin de l'année. Outre une dégradation plus prononcée de la santé du système bancaire, le principal risque pour les Etats-Unis reste donc un ajustement plus violent qu'anticipé de la consommation des ménages, qui entraînerait, à n'en pas douter, d'autres ajustements de la poltique monétaire.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.