Sagesse des prix aux Etats-Unis, dérapage en Europe

Conformément à l'analyse de la Réserve fédérale américaine, les pressions inflationnistes semblent contenues aux Etats-Unis. L'indice des prix à la consommation outre-Atlantique a augmenté de 0,3% en avril par rapport au mois précédent et l'indice de base (hors alimentation et énergie) a progressé de 0,2%, selon les chiffres publiés par le département du Travail.Ces statistiques sont légèrement meilleures qu'attendu puisqu'en moyenne les analystes interrogés par Reuters tablaient sur une progression de 0,4% des prix à la consommation sur le mois et une hausse de 0,2% de l'indice de base.Cette publication, qui intervient au lendemain de la décision de la Réserve fédérale américaine (Fed) de réduire ses taux directeurs d'un demi point pour les ramener à 4%, conforte les autorités monétaires américaines dans leur politique. Depuis le début de l'année, la Fed, plus préoccupée par la faiblesse économique des Etats-Unis que par les résurgences inflationnistes, a baissé ses taux de 250 points da base. La Réserve fédérale s'est dit hier disposée à faire plus encore: la sagesse de l'inflation en avril lui laisse une marge de manoeuvre suffisante. La Banque centrale européenne (BCE) n'a pas la même chance que son modèle américain. Alors qu'elle vient, après s'y être longtemps refusé, de baisser d'un quart de point ses taux d'intérêt au motif que les risques inflationnistes diminuent, la voilà démentie, au moins sur le court terme. L'inflation dans la zone euro a atteint en avril un nouveau record depuis l'introduction de la monnaie unique le 1er janvier 1999, à 2,9% contre 2,6% en mars en rythme annuel. Hors alimentation et énergie, composantes les plus volatiles de l'indice, l'inflation s'élève à 2,5% en avril. On est donc très loin du seuil de tolérance de 2% fixé par la BCE. En fait, et même si cette dernière s'en défend, l'assouplissement monétaire mené par l'institut de Francfort a pour but de redonner du tonus à une économie européenne touchée par le ralentissement économique américain. Patrick Artus, directeur des études économiques de CDC-Ixis, se livre dans ce contexte à une mise en garde: "Le ralentissement dans la zone euro, contrairement à ce que pense la BCE, ne va pas impliquer une baisse de l'inflation. Certains pays ont déjà enclenché une dynamique inflationniste. Le risque est donc que la zone euro se trouve confrontée en 2002 à une situation où il y aurait plus d'inflation et moins de croissance". Anne Eveno
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