Le blues des patrons allemands atteint l'euro

Pour le quatrième mois consécutif, la confiance des chefs d'entreprises en Allemagne s'est dégradée. En témoigne l'indice Ifo du climat des affaires pour le mois d'avril, qui est tombé à 92,5, son plus bas niveau depuis mai 1999, après 93,9 en mars. Cette baisse est d'une ampleur plus importante qu'attendu puisqu'en moyenne les économistes tablaient sur un indice ramené à 93,1. En conséquence, l'euro s'est nettement déprécié face au billet vert. La monnaie européenne a glissé, pour la première fois depuis la fin novembre, sous la barre de 0,87 dollar. En début de soirée mardi, un euro cotait 0,8636 dollar. Les raisons de la dégradation continue de la confiance des entreprises au cours des premiers mois de cette année ont été identifiées. C'est la Bundesbank (Buba) qui livre son diagnostic dans son rapport mensuel ce matin: "Ces derniers mois, les commandes de l'étranger ont montré une tendance persistante à la baisse pour la première fois depuis 1998". La demande intérieure n'ayant pu compenser ce recul, les entreprises allemandes ont perdu le moral. Malgré tout, le produit intérieur brut (PIB) a progressé de 0,5% au premier trimestre par rapport au précédent, "les entreprises continuant de liquider leurs arriérés de commandes", précise la Buba. Ce chiffre illustre néanmoins l'impact du ralentissement américain sur la première économie de la zone euro puisque sur un an, la croissance a atteint 2%, contre plus de 2,5% au trimestre précédent.Ce refroidissement conjoncturel pourrait laisser des traces plus profondes qu'on ne l'estime généralement. Ainsi Wolfgang Wiegard, l'un des conseillers pour l'économie du gouvernement allemand, a indiqué à quelques journalistes ce matin que, selon lui, la croissance allemande pourrait glisser sous le niveau de 2% fixé par le chancelier Gerhard Schroeder pour cette année. Il faut dire que les anticipations des chefs d'entreprises, telles qu'elles apparaissent dans l'enquête Ifo, ne génèrent guère l'optimisme. L'indicateur mesurant les attentes des entrepreneurs ouest-allemands a régressé pour le sixième mois consécutif, passant de 97,1 points à 96,6 points en avril. Le ralentissement économique mondial et le manque de visibilité sur la situation américaine expliquent la baisse de cette composante. Cette statistique indique également que le ralentissement de la croissance en Allemagne va se poursuivre. Dans ce contexte, on ne peut plus écarter la possibilité que le secteur industriel soit, comme cela a été le cas aux Etats-Unis, touché par la récession, estime ainsi un économiste de Dresdner Kleinwort Wasserstein cité par Reuters. Cette préoccupation n'est pas partagée par Ernst Welteke, le président de la Bundesbank, qui ne voit quant à lui "aucun signe" de récession dans l'industrie allemande. S'exprimant dans les colonnes du quotidien économique italien Il Sole 24 Ore, le banquier central a souligné qu'une "croissance de 2% cette année en Allemagne serait supérieure à la moyenne des dix dernières années".latribune.f
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