Duisenberg défend la politique de la BCE

Wim Duisenberg, président de la Banque centrale européenne (BCE), tente de dissiper le malaise qui règne entre l'institut de Francfort et les marchés. Les investisseurs, surpris par la décision de la BCE de réduire de 25 points de base ses taux d'intérêt le 10 mai dernier, ont vendu de l'euro afin de sanctionner une politique qu'ils jugeaient incohérente. En effet, avant cette date, les gardiens de l'euro n'avaient de cesse, malgré les signes évidents de ralentissement de la croissance au sein des Douze, de mettre en garde contre les risques inflationnistes qui pesaient sur l'économie de la zone euro afin de justifier le statu quo monétaire. La volte-face du 10 mai avait donc considérablement entamé la crédibilité de la jeune Banque centrale européenne. Pour justifier ce revirement, Wim Duisenberg insiste sur le fait que la poussée d''inflation actuellement enregistrée dans la zone euro - +2,9% en avril - est due à des influences "temporaires" et ne menace pas la stabilité des prix sur le moyen terme. Au chapitre des facteurs pouvant expliquer cette surchauffe sur le front des prix, le président de la BCE cite la hausse des prix des produits alimentaires en raison de la crise de la vache folle et de l'épizootie de fièvre aphteuse, le niveau toujours élevé des prix énergétiques et l'effet de la "dépréciation passée" de l'euro. Autant d'éléments qui expliquent, selon Wim Duisenberg, le maintien de l'inflation au-dessus du seuil de 2% fixé par la BCE. Mais cette dernière, souligne le président de la Banque centrale européenne, n'a pas vocation à se préoccuper du court terme. Sa mission est de se concentrer "sur le moyen terme" et dans cette perspective, ajoute Wim Duisenberg, "les risques pesant sur la stabilité des prix ont clairement diminué". C'est pourquoi la BCE prévoit pour 2001 une baisse de l'inflation qui devrait passer sous les 2% en 2002. Les baisses de régime observées aux Etats-Unis et au Japon devraient peser sur les prix, de même que le ralentissement de l'activité dans la zone euro. Sur ce point d'ailleurs, la Banque centrale européenne table sur une croissance de 2,5% dans la zone, c'est à dire "dans le haut de la fourchette de sa croissance potentielle", a ajouté Wim Duisenberg.Par ailleurs, il a répété que l'élément déclenchant de la décision de la BCE le 10 mai dernier reposait sur le constat que l'évolution de la masse monétaire - indicateur avancé de l'inflation - ne posait "plus de risque". Le président de la BCE est revenu sur les distortions dont souffre, selon la BCE, M3. Ces écarts pourraient atteindre un point de pourcentage, selon Wim Duisenberg. Le taux de croissance de M3 serait donc d'ores et déjà sous la valeur de référence de 4,5%, puisque le dernier chiffres non révisé ressortait à 5%. Dans ces conditions, la BCE était légitimée à baisser ses taux. CQFD. latribune.f
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