La BCE prise entre deux feux

Les membres de la Banque centrale européenne (BCE) n'en mènent pas large à une semaine de leur réunion bi-mensuelle. Les gardiens de l'euro sont confrontés à une situation assez délicate pour définir leur politique monétaire. L'aveu de ce dilemme a été fait par Otmar Issing, chef économiste de la BCE. "Nous nous trouvons dans une situation difficile, avec une combinaison où la croissance ralentit et où l'inflation accélère", a-t-il estimé. C'est le 18 juin prochain que seront publiés les chiffres de l'inflation pour la zone euro mais d'ores et déjà on s'attend à ce que la hausse des prix atteigne un pic. Pour Philippe Waechter, chef économiste de Banque Populaire Asset Management, "l'indice d'inflation pourrait se situer autour de 3,3-3,4%". Or, la première tâche de la BCE est de garantir la stabilité des prix.Dans ces conditions, certains économistes jugent que les marges de manoeuvre des gardiens de l'euro pour assouplir leur politique monétaire va se trouver limitée, au moins dans l'immédiat. Un point de vue que ne partage pas Nicolas Claquin, économiste chez HSBC-CCF. Selon lui, la BCE pourra réduire ses taux d'intérêt de 25 points de base dès la semaine prochaine ou lors de la réunion suivante du conseil des gouverneurs. "Ce qui tire l'inflation, ce sont des éléments volatils. De plus, la BCE a une vision à moyen terme, 18 à 24 mois, et on peut espérer que d'ici là l'inflation sera proche de 2%", argumente Nicolas Claquin qui souligne qu'en avril "l'inflation sous-jacente (hors élements volatils) s'est établie à 1,9%". Si elle entend ces arguments, et face à la décélération sensible de l'activité en Europe, notamment en Allemagne et en France, la BCE pourrait en effet poursuivre la détente monétaire amorcée le 10 mai dernier. Mais Otmar Issing reste prudent. Tout en réaffirmant que le rythme de croissance des prix dans la zone euro devrait "commencer à décélérer" au cours du second semestre 2001 avant de repasser sous la barre des 2% "dans le courant de l'année prochaine", il a ajouté que les perspectives concernant l'inflation étaient à l'heure actuelle "moins favorables" qu'elle ne l'avaient été dans un passé récent. Et il a prévenu que la zone euro allait encore connaître "quelques mauvais chiffres" mensuels d'inflation. De quoi douter d'une baisse rapide des taux d'intérêts.Anne Eveno
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