Les malheurs de Frank Quattrone

Entre les géants de Wall Street, la concurrence a été sans pitié pour se placer dans le peloton de tête des financiers des dot.com, et surtout pour organiser leur entrée en Bourse, un exercice hautement rémunérateur. A ce jeu, Frank Quattrone a réussi mieux que personne. Son équipe de Palo Alto a hissé le CSFB d'une modeste position de second rôle à un statut de leader incontesté. Sous sa conduite, la banque a dirigé plus d' « IPOs » qu'aucun de ses concurrents. Son succès à rapporté au CSFB des centaines de millions de dollars. Frank Quattrone s'est vu récompenser par une rémunération annuelle de l'ordre de cent millions de dollars, croit savoir le Wall Street Journal.Mais voilà que les autorités de marché commence à s'intéresser de près à ses affaires, et la presse financière dans la foulée. Car Frank Quattrone ne se serait pas contenté d'être un banquier d'affaires classique, dispensateur de conseils avisés en échange de grasses commissions. Il aurait étroitement contrôlé le travail d'analystes supposés indépendants. Il aurait investi ses propres deniers dans des jeunes pousses avant de les faire entrer en Bourse, encaissant au passage de belles plus values.Il y a plus grave. Actionnaire de plusieurs fonds de capital risque pour son propre compte, ayant de nombreux patrons de dot.coms parmi ses clients, Frank Quattrone aurait joué de ses relations personnelles pour favoriser ses « amis » dans le processus d'allocation des titres de sociétés sur le point d'entrer en Bourse, leur assurant des gains immédiats et substantiels.Le CSFB dément formellement de telles pratiques. L'allocation des titres n'était pas de la responsabilité de Frank Quattrone et il ne s'en est jamais préoccupé, a fait savoir la banque dans son unique déclaration officielle sur le sujet. Si deux des courtiers du CSFB à Palo Alto ont été rappelés à New York, c'est à la demande de leur hiérarchie au siège de la banque, précise-t-on. Et c'est cette hiérarchie de l'activité de courtage, différente de la banque d'affaires, qui fait l'objet d'une enquête du Nasdaq ...Il n'empêche, l'ambiance n'est pas à la fête dans les bureaux de Hanover Street, au milieu des pelouses manucurées du centre de Palo Alto. Si l'on en croit les dernières rumeurs, les principaux collaborateurs de Frank Quattrone cherchent à se recaser ailleurs. Leur patron se verrait bien en gestionnaire de fonds, renonçant à sa casquette quelque peu encombrante de banquier d'affaires. Dans un e-mail adressé à ses amis et clients, il a plaidé son innocence avec force. « Les familiers de l'industrie sont sceptiques, » a méchamment tranché le New York Post.Mais Frank Quattrone n'a pas perdu la main dans l'adversité. Le 2 mai, il a introduit en Bourse Simplex Solutions, une SSII californienne. Le titre a gagné près de 80% dans la journée. C'est la meilleure performance de l'année pour une IPO.
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