« Nous ne voulons pas entrer dans une logique de facturation»

La tribune.fr - A l'heure où les start-up ferment à la chaîne, est-ce encore un métier qu'être incubateur ? Gilles Laboissière - Nous avons toujours su qu'incubateur n'était pas un métier facile, qu'il demandait beaucoup de sueur. Etre incubateur, c'est être un co-entrepreneur. Cela consiste à apporter à des start-up du cash, bien sûr, mais également des ressources industrielles. Il ne suffit pas d'injecter de l'argent, il faut dédier beaucoup de ressources humaines. Chez Republic Alley, on consacre une personne et demi à temps plein à une start-up.Charles Madeline - Ici, nous nous vouons aux petites structures que nous accompagnons lors des trois premières phases de leur vie. La première étape est celle de " l'utopie ", car il faut une véritable idée innovante pour créer une start-up. Puis, dans un second temps, l'entreprise expérimente son produit auprès de vrais clients. La troisième étape est consacrée à l'affinement de son business modèle. Elle corrige le tir si nécessaire. Enfin la dernière étape est celle du déploiement : elle prend une nouvelle dimension, à l'international s'il le faut, entre en Bourse, etc.. C'est là où notre rôle se termine. Nous nous consacrons aux trois premiers cycles de vie de la start-up qui finalement ne sont pas très gourmands en capitaux. Nous laissons de côté le déploiement qui demande beaucoup d'argent. Y a-t-il encore de l'avenir pour les start-up ?C.M. - Tout à fait. Les start-up ont une place à prendre à condition d'avoir une idée innovante. Si c'est pour se mettre sur des créneaux traditionnels déjà occupés par des mastodontes, ce n'est pas la peine. Nous recevons beaucoup de dossiers - entre 50 et 100 par mois - mais ils sont plus mûrs qu'autrefois. Ils sont moins le fait d'opportunistes que de véritables entrepreneurs prêts à prendre des risques. Les dossiers ne se résument plus à une simple feuille de papier. Certaines des entreprises que nous accueillons, comme 7P4 spécialisé dans la mise en place de solutions intranet, gagnent déjà de l'argent. De toutes façons, nous n'avons jamais cru au modèle " dotcom ". Nous nous sommes fixé des règles sur les clients et sur la rentabilité, et non pas sur des concepts comme la rémunération par la publicité - personne n'est dans ce cas là chez nous - ou sur la valorisation par abonné dont on avait beaucoup parlé à une époque, mais qui ne signifie rien en soi.G.L : En ce moment nous hébergeons six sociétés. En 2001, nous voulons faire entrer 6 autres projets et sortir de l'incubateur au moins un ou deux dossiers, soit grâce à une vente, soit grâce à une introduction sur les marchés. Le problème de la plupart des start-up qui ont fait faillite c'est qu'elles sont allé trop vite, passant directement de la phase un à la phase quatre sans prendre le temps de mûrir leur modèle. Le modèle économique traditionnel des incubateurs de start-up reposant sur la rémunération ou la vente des actifs de la start-up est mis a mal actuellement. Quelle est votre stratégie en la matière ?G.L. - Effectivement, c'est une activité qui demande quand même des liquidités. Il peut se passer 36 mois avant la cession des actifs ou l'introduction en Bourse d'une société. Mais nous avons levé 42 millions de francs en janvier, nous n'avons donc pas besoin de faire appel au marché pour l'instant. Par ailleurs, il est vrai que nous diversifions nos revenus... en nous servant de nos compétences. Nous venons de créer une filiale de chasseur de têtes, R.A.R.E., qui emploie une personne. Mais pas question d'entrer dans une logique de facturation comme Tocamak, cela casse l'essence même du métier d'incubateur, qui reste l'activité en laquelle nous croyons. Cette structure travaille gratuitement pour les start-up incubées dans Republic Alley et facture uniquement les prestations à l'extérieur.C.M. - L'avantage, c'est que ces petites structures de conseil sont rentables à court terme. Nous aimerions en créer une ou deux autres cette année, en se fondant sur le même principe, qui est de mettre à profit l'expérience acquise auprès des start-up.
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