« La publicité sur Internet n’est pas morte car elle n’a pas commencé »

La Tribune.fr - Qu'est-ce qui vous différencie d'une agence de communication classique ?Benjamin Gieves - Nous sommes nés en septembre 99 en conjugant compétences techniques et graphiques. Nous sommes quatre associés. Je viens d'une SSII, deux des autres fondateurs sont issus de l'univers du graphisme et le dernier de la communication. Nous voulions créer des applications sous flash [NDLR: langage informatique d'animation graphique], très efficaces sur le Web. La différence fondamentale avec un média classique, c'est l'interactivité. L'internaute non seulement reçoit de l'information mais la traite également. C'est ce traitement que l'on étudie en particulier. Lorsque l'on fait une création, on envisage différents scénarios de comportement. D'autant que sur Internet, il faut savoir capter l'attention car le message peut-être brouillé par la confusion entre information et communication. Nous sommes encore dans une phase d'éducation de l'internaute. Par exemple, nous misons beaucoup sur le jeu, qui est destiné à faire entièrement partie d'un plan de communication interactif. Et plus encore, les plates-formes multi-joueurs. Demain, les sites Web de communication seront conçus comme de véritables jeux vidéos. C'est cette façon de voir les choses qui séduit les grands comptes.Que pensez-vous de la mauvaise conjoncture publicitaire actuelle et quel est l'impact sur votre activité ? Tout d'abord, je tiens à préciser que nous n'avons jamais eu de " dotcom " pour client, à part E-bay. Nous travaillons pour tous types d'entreprises : des majors musicales, BAC Films, des banques comme la Société Générale, etc.. Et nos clients intègrent leur communication online dans leurs plans médias globaux. Pour l'instant, ils n'ont pas coupé cette part du budget, ils ont même tendance à la renforcer. Nous ne sentons pas la baisse des investissements, d'autant que nous ne vendons pas d'espaces publicitaires.Mais je pense surtout que le marché est entré dans une phase d'assainissement. Le prix des bannières a été divisé par six. A mon avis, c'est une mise à niveau des tarifs en fonction de l'efficacité de ces formats de publicité qui étaient sur-valorisés. Cela ne signifie pas que la publicité sur Internet est morte, puisqu'elle n'est même pas née. Les bannières, qui changeront de format avec le haut-débit, ont un impact pour les annonceurs, mais surtout lorsqu'elles entrent dans des plans globaux de communication, c'est-à-dire couplées à du offline.Comment les annonceurs voient-ils la publicité online aujourd'hui ?De façon trop institutionnelle. La réflexion n'intègre pas assez de complémentarité entre les supports. La communication interactive peut intervenir sur un point de la chaîne. On peut imaginer du teasing sur Internet et le relayer offline, plutôt que de le faire en affichage. En ce moment, nous travaillons également beaucoup sur la refonte de sites institutionnels qui ont besoin de renouveler leur imageN'avez-vous pas peur d'être vite dépassé par une agence de communication plus traditionnelle ? Envisagez-vous le rachat ?Nous avons développé des compétences - techniques et créatives - en interne qui ne sont pas facilement intégrables dans une structure traditionnelle. Nous avons le temps avant d'être dépassé. Le marché a réellement besoin de spécialistes du online. Sinon, je pense que si nous acceptions d'être rachetés, ce serait uniquement à condition de pouvoir conserver notre identité et notre façon de faire. Mais pour l'instant, nous gagnons assez d'argent pour vivre. Nous sommes 22 et nous prévoyons 7 à 8 millions de francs de chiffre d'affaires pour 2001, ce qui suffit à couvrir les charges.
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