Le Lyonnais a réglé son passé, pas son avenir

Le Lyonnais, pour beaucoup de gens, c'est cette banque qui sent le souffre, passée à côté de la faillite dans les années 90 et sauvée des eaux à coups de dizaines de milliards de francs de l'Etat, donc du contribuable. Pourtant, l'établissement se bat pour modifier cette image en se présentant comme une nouvelle banque, sortie des marasmes de jadis. Elle n'a qu'en partie réussi dans cette entreprise.Certes, les résultats de l'exercice 2000, présentés hier, accréditent l'idée d'un redressement du Crédit Lyonnais. Près d'un milliard d'euros de profits avant provisions exceptionnelles, plus de 700 millions une fois soldés les mécomptes du passé : le groupe n'a pas à rougir de son bilan de l'an dernier. Mais il ne peut pas non plus s'en prévaloir pour affirmer, comme il tente pourtant de le faire, qu'il a fait du passé table rase et peut maintenant repartir à la conquête des marchés bancaires.Car avec moins d'un milliard d'euros de profits, le Lyonnais figure très loin des banques européennes les plus rentables. Ses grands concurrents français, Société Générale, BNP Paribas ou Crédit Agricole, font trois à quatre fois mieux. Voilà de quoi limiter les ambitions de la banque présidée par Jean Peyrelevade.A l'évidence, le Lyonnais est trop petit aujourd'hui dans la banque d'investissement. Il s'agit certes d'un problème structurel pour toutes les banques françaises face à des géants internationaux comme Deutsche Bank, UBS, Crédit Suisse, Citigroup ou JP Morgan Chase, voire aux spécialistes Goldman Sachs, Merrill Lynch ou Morgan Stanley Dean Witter. Mais pour les rivaux français du Lyonnais, la question ne se posera que dans quelques années. Pour lui, elle est d'ores et déjà cruciale.Dans la banque de détail, l'ex-groupe public a apparemment moins de difficultés. Pourtant, il doit encore en améliorer la rentabilité et souffre tout de même d'un problème, à terme, de taille critique. Surtout si l'harmonisation des produits bancaires en Europe - via d'éventuelles évolutions réglementaires et fiscales - conduit à ne plus regarder ce marché à l'échelle de chaque nation mais à celle de tout le Continent. Même en gestion d'actifs, le Lyonnais risque d'apparaître d'un poids insuffisant.L'avenir de la banque s'inscrit donc en pointillés. Les liens qu'elle saura tisser avec de grands partenaires dans ses différents métiers seront essentiels pour sa survie. N'en déplaise aux salariés qui ont su, malgré les tourmentes de ces dernières années, tenir le cap pour empêcher que la boutique ne sombre. Mais à devoir s'associer pour obtenir une taille critique dans ses différentes activités, le Crédit Lyonnais risque à terme de perdre indépendance et pouvoir. Une idée qui doit hérisser le poil de Jean Peyrelevade.
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