Quand les jeunes loups de la high-tech se font soigner

Comme pour remuer le fer dans la plaie, l'un d'eux vient de se dérouler sur... le campus Microsoft de Mountain View. Joliment intitulé "Comment survivre en tant qu'entrepreneur", il a accueilli une soixantaine d'écorchés vifs de la Net-économie pour les aider à surmonter un problème de taille : comment continuer à supporter de rester aux commandes d'une compagnie Internet dans le contexte de marasme et de désespoir qui a envahi tout le secteur. "Bonjour, je m'appelle Jen et je travaille 72 heures par semaine, fait dire à un jeune homme le "New York Times" qui rapporte l'histoire. Parfois je me sens tout seul, comme un vieux pont joignant les deux rives d'une gorge dans un film d'Indiana Jones. Heureusement, je sais que désormais que je ne suis pas seul dans ce cas... " On pourrait parler, face à ce phénomène, de psychologie de groupe pour éclopés de la Net-économie, ou lui attribuer le surnom de "Dot-comers Anonymes"... En tout cas, il s'agit là sans doute d'une des dernières bouées de sauvetage qui lancée à ces derniers par des entrepreneurs qui, au milieu de ce désastre, ne perdent pas le nord. Par exemple, Nigel Henry, 39 ans, organise un séminaire baptisé "Le maître libéré", qui se déroule deux fois par mois à San Francisco pour 150 dollars la session. "Les gens viennent me voir, expliquent-ils. Ils pensent qu'être licencié ou voir sa compagnie partir à vau-l'eau est le moment pour se poser des questions comme : "Qu'est-ce que je fais donc sur cette planète?" Quant à Nicolas Hall, 31 ans, l'organisateur de "Comment survivre en tant qu'entrepreneur", il raconte : "Le plus grand problème que je rencontre est celui de jeunes gens qui ont tellement été absorbés par leur compagnie que, lorsque celle-ci meure, ils n'ont plus du tout de perspective personnelle. Un des participants à mes séminaires a perdu tous ses clients en un mois. J'essaye, comme pour les autres, de le convaincre de voir comment il peut adapter son travail à sa vie et pas le contraire... Ce n'est pas évident."Mieux, Joan Indursky-DiFuria a même fondé à San Francisco son propre établissement pour plancher sur ces questions, le "Money, Meaning et Choices Institute". "Mon but, explique-t-elle, est d'aider ces gens à trouver un équilibre entre l'argent, la vie et le travail. Beaucoup d'entre eux sont devenus soudainement très riches et n'ont aujourd'hui plus rien. Ils se sentent honteux et coupables. Mêmes s'ils ont conscience que l'économie est responsable de leur échec, ils gardent le sentiment qu'ils auraient dû pouvoir réussir.... "Les "dot-comers" ont d'ailleurs bien besoin de cette bouée de sauvetage d'un genre nouveau. La déconfiture de la Net-économie est en effet plus source d'amusement que de déconvenues pour la majorité des Américains, si l'on en croit un sondage effectué récemment par le Pew Research Center for People and the Press. Seulement 7% des sondés affirment avoir perdu de l'argent en investissant dans les dot-coms. Par contre 39% d'entre eux se rangent, pour expliquer l'échec de tout ce secteur, derrière cette explication : "Les propriétaires de nombreuses compagnies Internet sont jeunes et immatures..." Pas étonnant, donc, si les Américains préfèrent se gargariser d'histoires d'ex-millionnaires en culottes-courtes qui retournent chez leurs parents plutôt que de pleurer sur leurs investissements perdus...
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