Le gouvernement US malmené dans le procès Microsoft

Après Microsoft, qui a subi en début d'audience les assauts des sept juges de la cour d'appel de Washington, le gouvernement a eu ensuite fort à faire pour défendre sa demande de démantèlement du géant informatique. L'avocat du gouvernement Jeffrey Minear a été plutôt malmené par une Cour pas très convaincue de la thèse du gouvernement américain selon laquelle une alliance entre Netscape et Sun Microsystems, et son langage Java, aurait constitué une menace pour le système d'exploitation de Microsoft. La Cour doute qu'une telle hypothèse, à laquelle elle ne trouve d'ailleurs pas de preuve suffisante, ait pu pousser le groupe de Bill Gates à tenter d'éliminer cette concurrence présumée sur le marché des systèmes d'exploitation. "Netscape ne menaçait pas de devenir un substitut au système d'exploitation Windows, il n'a ni l'intérêt, ni la capacité de le faire", a estimé le président de la Cour d'appel.Ce fut au tour ensuite de John Roberts, le second avocat du gouvernement, de faire profil bas, alors qu'il tentait, en vain, de défendre la thèse selon laquelle le logiciel de navigation de Microsoft, Internet Explorer, aurait dû être vendu séparément de Windows. L'intégration aurait porté atteinte au consommateur si le navigateur n'avait pas été offert gratuitement avec Windows, a expliqué le juge Stephen Williams. "C'est obliger un consommateur à acheter deux produits en les payant tous les deux qui serait une contrainte", a-t-il estimé. Le juge, qui en 1998 s'était déjà déclaré en faveur de Microsoft sur ce point, laisse peu de liberté de mouvement à l'avocat. En obligeant les fabricants d'ordinateurs à équiper leurs machines d'Internet Explorer, en association avec Windows, Microsoft "a poussé les autres logiciels de navigation hors de la chaîne de distribution de ces fabricants", qui "ne pouvaient mettre deux navigateurs sur une seule et même machine", selon John Roberts. Ridicule, lui répond l'avocat de Microsoft Richard Urowsky, en se référant aux témoignages de grands fabricants comme IBM, Apple et Compaq qui reconnaissent avoir équipé pendant un temps leurs produits de deux navigateurs.Pour Bill Kovacic, professeur à l'Université de Georgetown à Washington, il fait peu de doute que les juges Williams, Ginsburg et Randolph se prononceront en faveur de Microsoft sur ce point, mais "les questions de la Cour devraient être encore plus décisives mardi". L'avocat de Microsoft, qui s'est évertué à démontrer que Microsoft n'avait pas tenté de maintenir un monopole sur le marché des systèmes d'exploitation en usant de pratiques agressives et anti-compétitives, n'a pas non plus été épargné par l'opiniâtreté des juges. L'audition des deux parties se poursuivra aujourd'hui avec, au coeur des débats, les positions du juge Thomas Penfield Jackson, qui a condamné en première instance Microsoft à être démantelé en deux sociétés.Les investisseurs ont manifestement apprécié la tournure prise par la première audience : sur le Nasdaq, l'action Microsoft a gagné près de 5% hier, côturant à 59,5625 dollars.
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