Fred Maddalena garde espoir

Lorsqu'il était à Las Vegas, Fred Maddalena a connu les étoiles de la scène américaine : Sinatra, Mel Tormé, Sarah Vaughan et bien d'autres. Cependant, son épouse estimait que cette ville n'était pas l'endroit ad hoc pour élever des enfants. D'où le départ en Californie.A Palo Alto, Fred Maddalena a servi les légendes qui ont construit la Silicon Valley. Parmi ses clients figuraient Bill Hewlett et David Packard et il reçoit toujours Steve Jobs, d'Apple Computer, et Regis McKenna, le fondateur de la firme de relations publiques à qui la marque à la pomme doit beaucoup. Le marasme en cours de la Silicon Valley n'étonne pas Maddalena. " J'ai vu que la fin était proche lorsque des petits gars, au bar, ne cessaient d'essayer de réaliser un gros coup, accrochés à leur téléphone portable ", explique-t-il. Pourtant, Fred ne s'inquiète pas. Au contraire. Il y a treize ans, alors que l'industrie high-tech n'était pas très en forme, il a racheté le café Fino (1), adjacent à son restaurant. Certains soirs, il y pousse la chansonnette, tandis que Maurice Amzallag, un Français, vétéran de la deuxième guerre mondiale et décoré de la légion d'honneur, tient le bar avec une prestance remarquable. Aujourd'hui, Fred Maddalena veut reprendre le bail de l'immeuble d'à côté pour lancer un cabaret. Les prix de l'immobilier baissent, c'est le moment d'investir, "car les choses repartiront, promet-il. Doucement cette fois, mais elles repartiront". L'époque actuelle lui rappelle 1982-1983 quand l'argent qui finançait les fabricants de micro-ordinateurs s'est brusquement évaporé. En conséquence, de nombreuses entreprises avaient mis la clef sous la porte. Aujourd'hui, bien des start-up ont disparu, notamment celles qui dépensaient l'année dernière l'argent des venture-capitalist sans avoir un bon business plan, ni un bon produit. Les autres se classent en deux catégories : celles qui vont tout de même disparaître et celles qui ont réussi à lever en Bourse des montants considérables avant l'éclatement de la bulle. Comme le fait remarquer un entrepreneur cynique, " avec 300 millions de dollars levés sur le marché, une jeune société peut financer ad vitam aeternam ses pertes d'exploitation ". En attendant bien sûr des jours meilleurs. Pour quand ? Sûrement au printemps 2002...Bref, on ne perd pas totalement espoir dans la Silicon Valley mais on cherche des raisons d'espérer. Et cela passe par une remise en cause de la mythologie de l'endroit. Les dieux de la Silicon Valley pensaient être immortels : ils sont tombés par terre. Celui qui a fait le plus de bruit est Cisco car il a entraîné dans sa chute une cohorte de divinités secondaires: les fabricants de puces logiques sur-mesures, les sous-traitants électroniques, la construction (car Cisco a mis la pédale douce sur ses projets immobiliers) et même l'industrie de la restauration. Les plateaux repas que l'on sert sur le coup de midi sont maintenant moins copieux qu'en 1999 : il faut réduire les dépenses en ces périodes de vaches maigres. Heureusement, le soir, on peut se refaire une santé chez Maddalena. (1) Maddalena et Café Fino, 544 Emerson Street à Palo Alto
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