Belle valeur, peu de preneurs

Dans cette hypothèse, Vivendi Universal se chargerait par la suite de fournir du contenu à son partenaire. Ce scénario vient cependant d'être formellement démenti par le groupe (voir La Tribune du 7 juin).Mais, selon une récente analyse publiée par la banque d'affaires Morgan Stanley, la totalité de SFR pourrait valoir 33,7 milliards d'euros. La banque se base sur un multiple de capitalisation de 17,9 fois le bénéfice avant frais financiers, impôt et dotations aux amortissements en 2002. Comme Vivendi Universal possède 35,2% de SFR, sa quote-part serait d'environ 11,8 milliards d'euros.Cependant, Chris Gent, le patron de Vodafone, a expliqué la semaine dernière qu'il était bien intéressé par SFR mais qu'il n'était pas pressé. Et il a bien raison de prendre son temps. Actuellement, les achats, transferts ou échanges d'actifs semblent bloqués dans les milieux de la téléphonie. Comme le note un vendeur d'actions à Londres " le téléphone n'a plus la cote et même une valeur comme Vodafone, qui se négocie à un niveau proche de sa situation nette, n'attire pas les investisseurs " .Voilà bien le drame des valeurs de télécommunications, tant recherchées par les investisseurs en 1999. Elles sont riches d'actifs, elles sont théoriquement riches de perspectives mais personne ne veut, aujourd'hui, participer à la future rentabilité de ces actifs, soit en achetant de nouvelles actions, soit en prêtant de l'argent. Cela a dû être un choc pour les dirigeants des opérateurs... En 2000, ils étaient persuadés de pouvoir continuer à vendre des actions pour financer leurs investissements et leurs acquisitions (réseaux ou licence UMTS). Début 2001, ils se rendaient compte de ce que leur endettement était devenu trop important mais ils pensaient que les ventes d'activités non-stratégiques allaient permettre de le réduire rapidement. Ainsi, une entreprise comme KPN avait tenu ce discours au début de l'année et les marchés lui avaient fait confiance à l'époque. Or, cette semaine, les investisseurs se sont aperçus que KPN n'avait réalisé qu'une fraction minuscule de son programme de cessions. En conséquence, le cours de l'action KPN a décroché et a perdu plus de 15%.Il convient pourtant de distinguer les perspectives respectives des deux classes d'actifs financiers émis par les opérateurs télécoms : la dette et les actions. Dans le cas des nouveaux opérateurs, flamboyants en 1999, piteux aujourd'hui, la dette se négocie à un niveau équivalent à quelques fractions de sa valeur nominale. Dans le jargon des hedge funds, des fonds de spéculation, on appelle cela de la dette en détresse (" distress debt "). Plus la détresse est grande, plus le risque est grand mais plus le potentiel de rentabilité l'est aussi. Car il ne faut pas oublier que les porteurs de dettes sont prioritaires sur les actifs de l'entreprise. Dans le cas d'une restructuration du capital, les actionnaires passent en dernier. Ils ne se contentent alors que des miettes du nouveau capital de l'entreprise, s'il en reste. Les porteurs de dette, eux, empochent le gros lot. GTS, qui avait racheté Esprit Telecom, est dans une situation qui a attiré les amateurs (professionnels) de " distress debt ". La société a cédé Esprit Telecom, une source de pertes, à ses porteurs d'obligations. Elle se concentre maintenant sur Ebone, son réseau IP en Europe, sur lequel transite un quart du trafic Internet européen. Ebone devrait réaliser un chiffre d'affaires compris entre 390 et 415 millions de livres et dégager un bénéfice avant frais financiers, impôts et dotations aux amortissements (Ebitda) de 70 à 80 millions d'euros.L'action GTS ne vaut plus grand chose et devrait être radiée du New York Stock Exchange. Cependant, pour être sûre de réussir sa restructuration financière, la direction de GTS a décidé de ne pas verser les intérêts venant à échéance sur une partie de sa dette. Cela représente 27 millions d'euros et doit inciter les porteurs de sa dette (2,2 milliards d'euros en tout) à venir à la table de négociation. Ils finiront certainement par détenir une large majorité du capital de GTS, qui n'a pratiquement plus besoin de faire des investissements sur son réseau Ebone et qui possède encore plus de 300 millions d'euros en cash. Bref, la situation est loin d'être désespérée, surtout pour les porteurs de dette. Une fois restructurée, GTS pourrait peut-être tenter... Cable & Wireless, qui possède 6 milliards de livre en cash.
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