La guerre des consoles

Peu de monde se risque à en désigner le vainqueur. Tous assurent que la bagarre sera féroce. Microsoft a clairement les moyens de ses ambitions. Le groupe de Redmond, près de Seattle, demeure en effet, malgré les déconvenues récentes de la « high tech », l'un des plus profitables au monde. Il a dégagé près de 2,5 milliards de dollars de résultat net sur 6,5 milliards de chiffres d'affaires au cours des trois premiers mois de l'année.Les raisons de la soudaine attirance de Bill Gates pour ce nouveau marché n'ont rien de mystérieux. Les Américains ont dépensé l'an dernier 10,5 milliards de dollars pour satisfaire leur appétit de jeux vidéo, selon les calculs de la Digital Software Association. C'est près de 30% de plus que les recettes annuelles des salles de cinéma des Etats-Unis. C'est autant que les ventes de DVD et cassettes vidéo.Mais tout cela ne dit pas si Microsoft est capable de battre Sony et Nintendo à leur propre jeu, ni même s'il y a intérêt. Car, contrairement à son approche du marché du PC, Microsoft assume cette fois la fabrication et la commercialisation du « hardware » alors que les marges se trouvent, là aussi, du côté des logiciels. Les consoles sont même vendues à perte et la Xbox ne fera pas exception à la règle pour être compétitive : Merrill Lynch estime que sa fabrication coûtera environ 375 dollars, plus 50 dollars de frais de distribution, pour un prix de vente probablement de l'ordre de 300 dollars - soit une perte nette de 125 dollars par machine.Ce n'est pas le seul problème. Les ventes de jeux vidéo ont fléchi de 6,5% en l'an 2000. Outre ce ralentissement, le remplacement des consoles pour des modèles plus récents (et plus chers) se traduit par de moindres investissements dans les jeux. Pour la Playstation 2, le ratio de logiciels vendus pour une console est de 4 ; il était de 18 pour la Playstation première version. Microsoft a promis dès le départ une gamme d'une douzaine de jeux au minimum, une trentaine au plus, et les analystes se demandent si cela sera suffisant.Mais Bill Gates voit plus loin : le développement des réseaux à hauts débits aux Etats-Unis, et la perspective d'une multitude de services interactifs allant de la télévision (WebTV) au commerce électronique (MSN) en passant par les jeux (Xbox) dans le salon de millions de ménages américains, en attendant le reste du monde. Le président de Microsoft a beau ne plus être l'homme le plus riche de la planète, si l'on croit la récente enquête du Sunday Times, il continue de voir grand. Très grand.
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