La gestion très particulière des mutuelles santé…

Souvent mal connu, ce secteur régi par le Code de la mutualité de 1945 pèse un poids certain dans l'économie française. Ainsi la Mutualité Française, la plus grosse fédération, s'enorgueillit de ses 3000 mutuelles adhérentes, dont des mastodontes comme la MGEN ou la MG PTT rebaptisée depuis quelques mois Mutuelle Générale. Au total, la Mutualité Française draine 16 millions d'adhérents et protège 30 millions de personnes. En 1999, ses mutuelles ont brassé quelques 74 milliards de francs.Au fil des ans, les mutuelles santé ont développé aux côtés de leur prestations et œuvres sociales des produits d'assurances concurrentiels, vie ou décès. Une évolution somme toute logique pour barrer la route aux assureurs classiques, qui se sont immiscés dans le secteur de la santé. Pour mener à bien leurs projets de développement, les mutuelles ont joui d'une autonomie certaine, dans leurs choix stratégiques comme dans leur gestion. Et c'est sans doute là que le bât blesse. Car il se passe parfois des choses dans les mutuelles de 45 qui ne pourraient se produire dans une entreprise d'assurance classique, voire dans les autres mutuelles qui relèvent, elles, du Code des assurances. Ainsi, Mutuelle Générale se retrouve aujourd'hui avec une facture de 7,5 milliards de francs en assurance décès, victime d'un déséquilibre entre les actifs et les retraités. Victime aussi de ses largesses depuis 1970, année où la deuxième mutuelle de France, forte de ses 700.000 adhérents, a décidé d'étendre la garantie décès très avantageuse en termes de prestation aux retraités de plus de 65 ans. En période de vaches grasses et d'accumulation des excédents (ce que l'on appelle bénéfices chez les assureurs classiques), le système a fonctionné à merveille. Mais depuis le début des années 90, les fonctionnaires de la Poste et de France Télécom se sont fait plus rares. Avec moins de rentrées, la Mutuelle Générale a dû continuer à honorer ses prestations. En 1999, les 200.000 personnes couvertes par le contrat ont versé 12 millions de francs de cotisations alors que la mutuelle devait verser 180 millions de francs ! Disposant de 3,8 milliards de francs d'excédents, la Mutuelle Générale va devoir augmenter ses cotisations, ce que pour l'heure les adhérents ont refusé. Certes, on ne peut prétendre que la mutuelle est au bord de la faillite, mais elle est dans une situation pour le moins délicate. Et l'on se demande comment au fil des ans, ses responsables ont laissé l'écart se creuser sans prendre des mesures drastiques. Une telle situation n'aurait pu s'éterniser chez les assureurs traditionnels. Le cas de la Mutuelle Générale illustre à quel point ce secteur doit gérer de façon plus stricte ses activités. La réforme des mutuelles santé qui sera bientôt adoptée par le Parlement, afin de leur faire respecter les directives communautaires, les contraindra sans doute à gérer leurs activités concurrentielles de façon plus rigoureuse.
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