La rumeur, la pilule et le procès

La rumeur a couru dans les salles de marché, au milieu de la semaine dernière, avant de provoquer un début de panique chez les traders. Amazon.com, numéro un mondial du commerce électronique, était paraît-il sur le point d'annoncer sa faillite. Il y a quelques semaines encore, la rumeur n'aurait jamais été prise au sérieux. Et jamais Amazon n'aurait songé à protester devant tant de ridicule. Mais elle le fut, et seul un démenti aussi ferme qu'officiel permit de la dissiper complètement. Non sans que l'action Amazon termine la journée après avoir perdu... 13% de sa valeur.Autre numéro un mondial de l'Internet - par le nombre de ses fréquentations cette fois -, Yahoo ! en est réduit à mettre en place un dispositif anti-OPA, connu à Wall Street comme une « pilule empoisonnée » : ses actionnaires se voient offrir de nouveaux droits de souscription qu'ils ne pourront exercer que si un investisseur prend une participation d'au moins 15% de son capital. Qui se souvient encore qu'il y a un an, dans la foulée du rachat de Time Warner par America Online, on se demandait si Yahoo ! n'allait pas racheter Disney ? Il y a quelques jours, on a demandé au P-DG de Disney Michael Eisner s'il serait intéressé... par la reprise de Yahoo !. « Belle affaire, mais trop chère, » a-t-il répondu en substance. A 12 milliards de dollars, la capitalisation boursière de Yahoo ! ne représente pourtant qu'à peine plus du dixième de sa valeur il y a un an. Mais son P/E ratio demeure supérieur à 200.Henry Blodget, de Merrill Lynch, vient de détrôner Mary Meeker, de Morgan Stanley Dean Witter, comme l'analyste Internet le plus influent de Wall Street. Le salaire de ce jeune homme de trente cinq ans se compte en millions de dollars. Mais cela n'a pas empêché Debases Kanjilal de déposer une plainte formelle au New York Stock Exchange contre la prestigieuse maison de titres et son analyste vedette. Motif : Henry Blodget a recommandé l'achat du titre Infospace, par ailleurs client fort lucratif de Merrill. L'action Infospace a chuté de 96% depuis son acquisition par le malheureux M. Kanjilal, qui demande réparation après avoir perdu des centaines de milliers de dollars. C'est à ce jour la forme la plus extrême des critiques qui pleuvent désormais sur les analystes, y compris dans des émissions télévisées en « prime time », pour ne pas avoir su anticiper le retournement du Nasdaq.La suite au prochain épisode. Il ne devrait pas se faire attendre très longtemps.
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