Le dessous des cartes... à puce

Ainsi, depuis plusieurs mois, les remises en cause de cette technologie se multiplient. Des casseurs de code aux voleurs de numéros de carte et de dates de validité, d'Internet aux téléphones mobiles, la carte bancaire à puce est harcelée. Et ses défenseurs, les banques et le GIE Cartes bancaires principalement, accumulent maladresses et semi-vérités qui finissent par ternir l'image de ce système de paiement.Au point que l'on oublie que les chèques sans provisions ou les faux billets sont des fraudes bien plus développées mais dont les chiffres sont beaucoup moins connus. Pourquoi par exemple diffuser des chiffres de fraude de 0,02 % sur la carte bancaire à puce, sachant que ce pourcentage ridicule n'inclut pas certaines utilisations frauduleuses, par exemple celles effectuées avant que le client ne fasse officiellement opposition ? Le hic dans toute cette histoire, c'est que les chiffres de la sécurité de la carte à puce bancaire sont jusqu'à présent fournis par le Groupement Cartes bancaires. Ce qui est totalement ubuesque. Demande-t-on aux constructeurs de voitures de donner le nombre de morts sur les routes ? Le feraient-ils qu'ils seraient évidemment montrés du doigt, soit parce que les chiffres seraient élevés et souligneraient la dangerosité des automobiles, soit parce qu'ils seraient bas et suspects, du coup, d'avoir été minorés.Dans le plan que vient de lancer Bercy pour améliorer la sécurité et l'image de la carte bancaire à puce, la décision de renforcer le contrôle de la Banque de France sur ce moyen de paiement et notamment via un observatoire de la sécurité, relève donc du bon sens. Il est logique que ce soit elle qui communique à l'avenir les chiffres de la fraude et de son évolution. Sans se contenter des données que lui fournira le GIE Cartes bancaires. Mais pour cela, il lui faut se doter d'outils de mesure et d'investigations adéquats. Ce qui implique d'avoir les spécialistes compétents. Un vrai défi pour la Banque de France à l'heure où certaines de ses missions risquent de disparaître avec l'avènement de l'euro et la montée en puissance de la Banque Centrale Européenne (BCE). Relever ce challenge doit lui permettre de tordre le coup aux accusations - pas toujours infondées - de nourrir en son sein du personnel surpayé et désœuvré. Encore faut-il qu'elle y parvienne et sache trouver par exemple les vrais chiffres de la fraude à la carte à puce. Ils seront sûrement supérieurs aux données lénifiantes diffusées jusque là. Mais sans doute aussi suffisamment bas pour permettre de confirmer que ce moyen de paiement est bien l'un des plus sûrs sinon le plus sûr du monde.
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