Henry Blodget doute de Microsoft et de sa X Box

Henry Blodget est connu pour avoir prédit en 1999 que le titre Amazon vaudrait un jour 400 dollars. En moins de trois mois, le titre avait dépassé ses prévisions. Depuis, Amazon se traîne et ne rebondit qu'à la faveur de rumeurs, rapidement démenties, de fusion avec Wal Mart. Les temps sont donc difficiles pour les anciennes stars de l'analyse des dot.com. Les investisseurs particuliers américains, qui ne connaissent pas les charmes de la banque d'affaires, se sentent à juste titre lésés. Ces analystes, pour qui les chaînes d'information financière comme CNBC déployaient le tapis rouge, leurs assénaient des opinions trempées dans le meilleur alliage de l'exponentielle (il y a de plus en plus d'internautes) et de la révolution (les magasins en briques, c'est terminé)... Aujourd'hui, les anciens admirateurs ébahis des analystes dot.com découvrent que des titres peuvent valoir zéro dollar et zéro cent. Ce qui n'était pas prévu dans le scénario. En réfléchissant un peu à leur mésaventure, ils s'aperçoivent que les analystes n'avaient qu'une fonction : assurer un support sémantique permanent aux introductions en Bourse. Ou en d'autres termes : je parle dans le poste, mes banquiers vont chercher des mandats en utilisant mes propos et les vendeurs réussissent à placer des titres de sociétés dont les pertes opérationnelles dépasseront le chiffre d'affaires pendant des années. En époque de pleine folie, on peut ainsi justifier une capitalisation boursière de plusieurs milliards de dollars...Pour en revenir à la X Box, le produit ressemble à un micro-ordinateur, il fonctionne comme un micro-ordinateur mais n'est théoriquement destiné qu'au marché des jeux vidéo. A l'intérieur, on trouve un véritable coeur de micro-ordinateur avec un microprocesseur Intel, un processeur graphique Nvidia et un disque dur. La X Box ne se connecte pas à un clavier ni à une souris mais à des volants ou à des sticks de contrôle. Elle sera commercialisée en automne aux Etats-Unis, puis au Japon et devrait arriver en Europe au printemps 2002.L'impact de cette console dans le chiffre d'affaires de Microsoft n'est pas encore pris en compte par les analystes financiers, actuellement davantage préoccupés par le ralentissement des investissements informatiques des entreprises. Du reste en décembre, Microsoft a indiqué dans un message interne à ses employés qu'il lui fallait diminuer ses coûts pour préserver ses bénéfices. " Notre bilan va changer d'aspect, explique-t-on chez Microsoft. Jusqu'à présent, les analystes nous reprochaient d'avoir trop de cash (27 milliards de dollars). Avec la X Box, nous allons pouvoir l'employer dans la production ". Et de préciser : " Nous avons vu les erreurs commises par Sony avec la Playstation. Nous ne ferons par les mêmes ".Pour Henry Blodget, le succès de la X Box sera limité puisqu'il la situe volontairement derrière la PS II de Sony, voire derrière Nintendo. Il envisage 2 milliards de pertes opérationnelles cumulées pour son lancement avec l'équilibre atteint en 2005. L'année suivante, il prévoit un bénéfice opérationnel compris entre 500 millions de dollars et 1 milliard avec la X Box, soit 5% du bénéfice opérationnel de Microsoft.Ce n'est pas tout. Henri Blodget envisage d'abord une perte de 125 dollars par X Box pour Microsoft. Il se base sur un prix de fabrication de 375 dollars et un prix de vente de 299 dollars, avec une commission d'une quarantaine de dollars pour le détaillant. A bien le lire, on se demande si Microsoft devrait faire l'effort de lancer la X Box, de dépenser 500 millions en marketing au cours des prochains dix-huit mois et de mettre son bilan à contribution pour pénétrer un marché de 20 milliards de dollars. Et si Henry Blodget se trompait ?
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