Le spectre de la banque postale

Car si se renforce un pôle financier semi-public, on voit mal comment la Poste, qui se veut la troisième banque de détail en France dans les dépôts, serait tenu à l'écart. Surtout si ce mariage CDC - Ecureuil comprend l'assureur-vie CNP dont la Poste est l'un des grands actionnaires. En fait, suite aux inquiétudes postales, il semble bien que la CNP échappera, au moins dans un premier temps, au périmètre des nouveaux mariés. De quoi enlever un peu de corps aux craintes de la Poste d'être marginalisée et, par ricochet, aux inquiétudes des banquiers face au risque de naissance, par contrecoup, d'une véritable banque postale à même de participer à l'union entre la Caisse et l'Ecureuil.Pour autant, la Poste est lentement mais sûrement amenée à mieux distinguer dans ses différents métiers ses activités financières de ses grands pôles courrier et colis. Un décret du début de l'année lui impose la mise en place d'une comptabilité analytique. Le Sénat tente même actuellement d'enfoncer le clou pour obtenir cette clarification comptable avant la fin de l'année. Bruxelles est également très attentive au dossier. Ce à quoi La Poste rétorque qu'elle dispose déjà d'une comptabilité analytique en interne dont elle transmet les éléments tant au gouvernement qu'aux instances européennes quand elles le demandent.L'enjeu est énorme. Car dans un bureau de poste, l'agent au guichet s'occupe tantôt de livrets d'épargne, tantôt de réception de lettres ou d'envois de colis. Il sera bien difficile de séparer les effectifs voire les bureaux de poste. Mais que l'on imagine la force de frappe que représenterait une véritable banque postale en matière de crédits et d'assurance, deux domaines dans lesquels elle est pour l'heure limitée par son contrat de plan avec l'Etat ou par décision gouvernementale !La Poste peut au moins trouver une riposte face à ses détracteurs en évoquant... le Japon. Là bas aussi, les banquiers dénonçaient la banque postale ainsi que la confusion entre activités financières et postales. Il est vrai que la poste nipponne est le premier dépositaire d'épargne du monde ! Mais les pouvoirs publics ont rétorqué que seule la poste acceptait de vendre des produits financiers jusque dans des petites bourgades isolées, les grandes banques considérant l'exercice comme trop peu rentable. La Poste française défend les mêmes thèses. Même si ses détracteurs peuvent rétorquer que cela n'est rendu possible que grâce à l'argent du contribuable...
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.