Rente.com

Les noms de domaines se terminant par « .com », « .net » ou « .org » (les branchés les qualifient de « gTLDs », soit « global top level domain names » ) ont commencé à émerger au milieu des années 80. Symbolics Technology Inc, un fabricant de logiciels racheté depuis, fut la première entreprise à se créer officiellement une identité virtuelle, symbolics.com, le 15 mars 1985. Mais il fallut attendre le début des années 90 pour assister au déferlement. Craignant que le système n'explose faute d'une gestion centralisée et professionnelle, la National Science Fondation confia en 1993 le monopole de la gestion des adresses à Network Solutions, le leader du marché, installé dans la Silicon Valley.Cinq ans plus tard, le gouvernement américain, soucieux de se mettre à l'abri de la moindre tentation d'interventionnisme, franchit un pas supplémentaire en créant un organisme indépendant, l'Internet Corporation for Assigned Names and Numbers (ICANN). En mars 2000, Verisign fit main basse sur la rente.com avec le rachat de Network Solutions pour une valorisation initiale de 21 milliards de dollars.A ce prix, on comprend l'acharnement de l'entreprise américaine à conserver sa rente de situation dans l'accord conclu avec l'ICANN en avril, auquel le gouvernement américain vient de donner son accord. Mais Verisign a dû accepter un double compromis. Les droits des sites « .org » seront transmis à une association à but non lucratif l'an prochain, accompagnés d'un paiement de cinq millions de dollars. Et les droits sur le « .net » seront ouverts à la concurrence au début de 2005.D'ici là, le paysage ne restera pas figé. Le ministère américain du Commerce a donné son feu vert à l'entrée sur le marché à partir de cet été de sept nouveaux suffixes (.biz, .aero, .name, .info, .museum, .coop, .pro). La concurrence pour leur contrôle s'annonce acharnée. Et si la part de marché de Verisign dans l'enregistrement des droits ne recule pas assez vite, a fait savoir le ministère, son monopole pourrait disparaître plus vite que prévu.Cela n'empêche pas les critiques de pleuvoir sur ce système, en provenance des quatre coins du monde, et singulièrement d'Europe, où un recours a été déposé devant la Commission. Car Verisign continue d'assumer une double identité : celle du « registry », l'enregistreur des droits, comme celle du « registrar », qui propose au public de déposer un nom moyennant un paiement de 70 dollars. Or, même s'il existe aujourd'hui quelque 180 « registrars » concurrents, la position dominante de la marque Network Solutions ne s'est pas démentie et ses prix sont demeurés inchangés. C'est tout l'intérêt de la rente.com. Et la principale raison de la faire bientôt disparaître.
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