« Ne m’appelez plus jamais dot.com »

Par latribune.fr  |   |  331  mots
Mais cette glorieuse époque est bel et bien révolue. Si vous vous rendez bientôt dans la Silicon Valley, soyez prévenus. Ne dîtes plus « dot.com ». Ou alors, accompagnez l'expression d'une moue sceptique, voire ironique. Vous souvenez-vous de la chanson de Michel Sardou à propos du paquebot France honteusement abandonné à un armateur étranger? On est pris de l'envie de la paraphraser pour résumer l'humeur ambiante: « Ne m'appelez plus jamais dot.com/Le Nasdaq m'a laissé tomber/Ne m'appelez plus jamais dot.com/C'est ma dernière volonté. » Hier synonyme de succès et de jackpot boursier, voilà le suffixe qui incarnait la nouvelle économie devenu honteux.Le San Jose Mercury News s'amusait dimanche à recenser les dernières entreprises à s'être rebaptisées. Iprint.com est ainsi devenu Iprint Technologies, Beyond.com est devenu Beyond Corp, Grassroots.com a opté pour le plus sérieux Grassroot Enterprises, Click2learn a tout simplement abandonné son « point.com » et Softlock.com s'appelle désormais Digital Goods.Même les grands noms de la vallée s'y mettent. Sun Microsystems renonce à son slogan publicitaire « we're the dot in dot.com » (« nous sommes le point de point.com ») pour un message plus sobre : « Take it to the Nth » (que l'on pourrait traduire par : « visez le nième niveau », en gros « dépassez-vous »).La nouvelle mode pousse les mauvais esprits à s'interroger : qu'est-ce qu'une dot.com à deux doigts de la faillite qui ne s'appelle plus dot.com ? Une entreprise au nom plus chic, mais dont les risques prendre un bouillon demeurent strictement identiques. « Si votre business s'appuie sur une véritable substance, laisser tomber le dot.com est un plus, » résumait Allen Adamson, un spécialiste des marques commerciales, dans le San Jose Mercury News. « S'il n'y a rien derrière, cela ne résout pas grand-chose. »Bref, les investisseurs qui se sont fait avoir une fois ne tomberont pas dans le panneau d'un simple changement de nom. Ou alors, pas tout de suite.