Chrono e-Liko, le commerce électronique à l'heure juste

Etre issu d'un mariage de raison n'empêche pas d'avoir de l'ambition. Chrono e-Liko, né du rapprochement de Chronopost et d'e-Liko, spécialiste de la livraison en créneau horaire, réaffirme en tout cas la sienne, alors même que le commerce électronique, moteur de son développement, connaît une progression plus lente que prévu. " Dans le commerce aux particuliers, la rapidité et la fiabilité nécessitent un rendez-vous avec le client, donc la possibilité de le laisser choisir un créneau horaire, explique Hubert Saltiel, son PDG. La fiabilité de la livraison peut alors passer de 50 à 99% ". Une valeur ajoutée qui a nécessité une dizaine de millions de francs d'investissements pour l'élaboration d'une plate-forme informatique capable de gérer les tournées des livreurs en fonction des rendez-vous fixés.Créée en septembre 1999, e-Liko comptait une quinzaine de clients à la fin du premier semestre 2000 et a rapidement noué un partenariat avec Chronopost pour les livraisons express. La croissance moindre que prévu du commerce électronique a favorisé le mariage pur et simple, décidé en octobre et annoncé en décembre. " Chrono e-Liko, le nouvel ensemble, est une entité indépendante, qui a vocation à être introduite en Bourse, même si son principal actionnaire, Chronopost, appartient à un groupe public ", souligne Hubert Saltiel. L'évolution des structures n'a pas modifié la stratégie de base de l'entreprise. " La logistique, tout le monde sait en faire. Notre valeur ajoutée réside dans la distribution ", explique son PDG. La cible en revanche, a changé : si les start-up de commerce électronique B2C généraient, au départ, l'essentiel de l'activité, Chrono e-Liko mise désormais sur les " dot-corps ", ces grands groupes à la recherche de nouveaux relais de croissance sur le Web, et sur les vépécistes. " Dans les deux cas, ces clients ont des besoins spécifiques sur le 'dernier kilomètre de livraison', à commencer par un service par créneau horaire ", explique Hubert Saltiel. Chrono e-Liko discute donc avec une dizaine de " gros " clients, qui devraient commencer à générer du chiffre d'affaires entre avril et novembre prochains. Parmi les activités prometteuses : la distribution - à l'exception des cybermarchés -, les voyagistes et spécialistes de la billetterie, désireux, notamment, de contourner les intermédiaires, et les distributeurs de produits liés aux nouvelles technologies (logiciels, matériels ou téléphonie).Si elle ressent très directement l'effet de la morosité ambiante sur le chiffre d'affaires de ses clients start-up (" certains, qui prévoyaient cent livraisons par jour, n'en font pas plus de dix "), Chrono e-Liko maintient ses projets d'investissement et de chiffre d'affaires (une quinzaine de millions d'euros cette année) et prévoit que la livraison par créneau horaire sera rentable début 2002. D'ici là, ses dirigeants ne croient pas à l'irruption de concurrents sérieux sur son marché : les coûts de conception du système informatique et de constitution d'un réseau national constituent, à leurs yeux, des barrières à l'entrée suffisantes. Marc Angrand
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