Pour Kangaroo Village, la première sortie est une bouffée d'oxygène

" Une première en France, voire en Europe, pour un incubateur ". L'emphase est à la hauteur des interrogations suscitées ces derniers mois par le modèle économique de l'incubation, auxquelles n'a pas échappé Kangaroo Village. Créée en décembre 1999 par Philippe Hayat, la société vient tout simplement de céder l'une de ses cinq start-up incubées, Guaranty City, à Gen Re Securities, filiale du géant américain de la réassurance. Guaranty City, fondée il y huit mois, développe des produits de placement diffusés sur Internet. Prenant en charge l'ensemble du développement et de la commercialisation des produits, la société a donc intéressé un acquéreur " mortar ", autrement dit un acteur traditionnel du monde de la finance. Gen Re Securities a versé une somme qui reste confidentielle mais qui, assure Philippe Hayat, " nous permet, pour la première fois, de disposer de revenus et de financer notre croissance ". D'autant plus aisément que Kangaroo Village avait levé un million d'euros juste avant de réaliser la cession de Guaranty City. L'incubateur, qui met en avant le passé d'entrepreneurs de ses fondateurs et de ses actionnaires, affiche pour vocation de " transformer de l'apport en industrie en capital ". Un principe de base qu'il concrétise essentiellement par le biais de " l'accompagnement humain ", assuré par une équipe d'une dizaine de personnes, en échange d'une prise de participation de 15 à 30% du capital." Nous nous sommes concentrés dès le départ sur les projets à forte compétence technologique ou à forte compétence métier, portés dans le second cas par des fondateurs disposant de 10 ou 15 ans d'expérience, explique Philippe Hayat. Dans les deux cas, la sortie peut être assez simple : la technologie ou le métier peuvent attirer des grands groupes. Mais nous avons aussi veillé à ne retenir que des projets susceptibles de dégager du cash dès la deuxième année. Un critère qui a nous forcés à éliminer en moyenne 19 projets sur 20..."Dans le portefeuille de Kangaroo Village figurent ainsi Visual Friendly, qui a développé une plate-forme technique permettant d'adapter l'ergonomie des sites Internet aux besoins des utilisateurs, Zencod, spécialiste de l'accélération du traitement de données sécurisées, ou encore Cariocas, agence de marketing online. Le dernier projet, pas encore baptisé, est une place de marché " B2B ", là encore dans le domaine des produits financiers, fondée par deux professionnels du secteur.Tablant sur une sortie par an en moyenne, Kangaroo Village aborde donc les prochains mois avec sérénité. Une situation confortable qu'il savoure sans vergogne. "Aujourd'hui, faute de pouvoir réaliser des sorties en capital, les incubateurs n'ont qu'une seule solution pour se financer : facturer des honoraires en échange de leurs prestations, explique Philippe Hayat. Grâce à la cession de Guaranty City, nous pouvons nous offrir le luxe de ne pas en faire autant". Un luxe synonyme de longévité, espère Philippe Hayat. "Sur la dizaine d'incubateurs indépendants présents aujourd'hui, il n'en restera sans doute pas plus de deux ou trois dans un an, prédit-il. Les autres auront fermé ou se seront peu à peu transformés en cabinets de conseil".Marc Angrand
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