Publibook ou l'édition à la demande

Démocratiser l'écriture, transformer la relation institutionnelle de rigueur entre l'éditeur classique et l'auteur : ces deux idéaux ont poussé Jacques Boucher, et deux acolytes, à créer Publibook, une maison d'édition d'un nouveau style grâce auquel Monsieur Tout-le-monde a la possibilité de publier son manuscrit, quel qu'il soit. Créée en août 1999, la société est au début une simple librairie en ligne, mais ses fondateurs se tournent très rapidement vers le " print on demand " (l'impression à la demande). Tirant ainsi partie des nouvelles technologies, la société profite d'économies de coûts conséquentes par rapport à un éditeur classique, puisqu'elle "n'imprime le livre qu'à partir du moment où il est commandé, tout en raccourcissant sensiblement la chaîne de production", explique Fabienne Saugier, la directrice générale.Auteurs aux ambitions professionelles, simples amateurs écrivant dans un coin de leur chambre, experts ayant besoin de diffuser une thèse pour un cercle de lecteurs restreint, maîtresse d'école publiant les premiers poèmes de ses élèves, Publibook répertorie à ce jour 400 signatures dans son catalogue en ligne. La commercialisation de ce dernier a réellement commencé en octobre 2000. Actuellement encore "cocooné" par l'incubateur Republic Alley, la start-up a levé 3 millions de francs depuis sa création et affirme qu'elle devrait atteindre la rentabilité d'ici 3 mois.Publibook revendique une identité unique, à mi-chemin entre la maison d'édition traditionnelle et le compte d'auteurs, terme qu'elle refuse, car jugé très péjoratif. De fait, l'auteur doit s'acquitter d'une somme, certes modique - 490 francs - pour être publié et diffusé. A chaque exemplaire vendu, il touche en droits d'auteurs 18% du prix de vente de la version papier et 38% pour la version électronique. Si tous les manuscrits passent au crible d'un comité de lecture qui évacue les ouvrages ne répondant pas à des critères minimum mais " subjectifs " de qualité, 80% d'entre eux sont publiés. Et Publibook offre même à l'écrivain, ce que ne font pas le compte d'auteur ou l'édition classique, " une prestation de service d'assistance à l'écriture ", précise Jacques Boucher, " s'il le désire ".Ainsi, le comité éditorial aide le cas échéant l'écrivain en herbe à réécrire une partie de son œuvre et lui offre la possibilité de participer des ateliers d'écriture. Le comité est sous la responsabilité de Régis Deschodt, écrivain et journaliste, qui a reçu le prix Lafayette 1998 pour un roman historique. La prestation a un prix qui peut aller de 500 francs à plus de 10.000 francs pour les travaux les plus complexes. Et à l'évidence Publibook donne envie d'écrire. 60 à 70 % des ouvrages en catalogue sont des fictions, 20% des éditions personnelles - souvent des sortes de mémoire destinés à la famille - et 10% seulement des écrits spécialisés. Cette activité d'" édition " un peu particulière génère 30% des revenus du site, l'essentiel du chiffre d'affaire étant issu de l'activité de libraire.En ce qui concerne la vente des livres, Publibook a recours aux procédés classiques de l'édition. Seuls les meilleurs ouvrages sont mis en avant en page d'accueil du site, les 490 francs payés par l'auteur garantissant uniquement la prestation minimum de présence dans la base. La politique marketing de Publibook est en grande partie fondée sur les relations presse et le sponsoring d'émissions comme " Vol de nuit ", animée par Patrick Poivre d'Arvor. Reste juste à savoir jusqu'où ira la confiance des lecteurs pour une maison qui édite finalement tout le monde. En tout cas, Publibook n'est pas déconnecté des éditeurs traditionnels et peut constituer un premier tremplin pour des auteurs qui n'ont pas encore réussi à percer par la voie classique. La start-up assure discuter en harmonie avec les auteurs la cession des droits ou la co-édition de plusieurs ouvrages à des acteurs traditionnels du marché. Ce qui représenterait une nouvelle source de revenu : " la cerise sur le gâteau ", précise Fabienne Saugier.Sandrine C
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