"L’heure de gloire des leveurs de fonds purs est derrière nous"

La Tribune.fr - Vous intervenez auprès des start-up en tant que banque d'investissement. En quoi consiste l'essentiel de votre activité ?Thierry Chetrit - Notre cœur de métier est le conseil stratégique et financier. Nous prenons donc en charge pour les entreprises de notre portefeuille leurs opérations de levées de fonds, de fusion-acquisition ou de réorganisation. Nous investissons également nos propres fonds dans certaines structures, en fonction des opportunités. En 2000, nous avons réalisé pour 500 millions de francs de transactions et investi 20 millions de francs dans des start-up. En 2001, notre chiffre d'affaires devrait s'élever à 30 millions de francs. Nous venons par exemple de lever 30 millions de francs pour le compte d'Adhersis, une start-up spécialisée dans le stockage de données.Notre métier consiste à résoudre pour nos clients des problématiques complexes. Nous avons recours à des outils comme la levée de fonds, le rachat ou la vente, et il faut arbitrer ces modalités en fonction des situations données. C'est ce qui rend le métier riche et difficile. L'heure de gloire des leveurs de fonds purs est maintenant terminée. Par exemple, nous avions pris une participation dans OhMyDeal, un programme de fidélisation en ligne. Or, nous avons eu en même temps l'idée de l'adosser à Consodata/Datatrader, un opérateur de base de données coté au Nouveau marché. Sans cette opération, OhMyDeal serait mort aujourd'hui et notre investissement perdu.Quels sont les projets en cours ?En raison du contexte actuel, nous avons plutôt tendance à secourir des entreprises en difficulté plutôt qu'à lever des fonds. Nous aidons celles qui en valent la peine à trouver de l'argent frais afin qu'elles parviennent à passer un cap difficile, mais nous pouvons également intervenir dans une restructuration, une fusion ou une cession. D'ailleurs, nous venons de créer deux filiales : la première, Talentsquare, est spécialisée dans le recrutement des cadres dirigeants. L'autre, Go-Public, dans les relations-presse, outil essentiel pour des entreprises des nouvelles technologies.Pour 2001, nous travaillons d'ores et déjà sur la vente ou le rapprochement de sociétés variées, Internet mais pas seulement. Nous finalisons également une levée de fonds de 65 millions de francs pour une société "click and mortar". En ce qui concerne les prises de participations, pour l'instant, nous restons prudents.Justement, quelle est l'attitude des capital risqueurs en ce moment. Vont-ils bientôt réinvestir massivement ?Actuellement, personne ne sait trop où aller. Cela va du pessimisme excessif à l'attentisme général. En fait tout le monde attend que le marché reparte, dans le meilleur des scénarios, ou au moins qu'il se stabilise. Mais la tendance à la baisse semble lourde. Il se passe exactement la même chose dans les sociétés en développement que sur les marchés. Le mot d'ordre du capital-risque actuel est de se concentrer sur le portefeuille existant, en réinjectant de l'argent dans les entreprises qui peuvent s'en sortir, ou de trouver un acheteur, au mieux, pour les autres. Même si l'on a coutume de dire que les fonds d'investissement - et c'est la tarte à la crème du secteur - ont de l'argent et qu'ils vont être obligés de réinvestir bientôt, il n'y sont pas du tout obligés, surtout si les conditions sont mauvaises. A mon avis, ils ne réinvestiront pas de sitôt. Et en tout cas, pas dans les mêmes conditions qu'au cours des 24 derniers mois. Ils ne sont pas suicidaires ! On est plutôt dans une tendance de capital-développement, voire d'investissement de retournement, que de capital-risque. De toutes façons, le capital-risque ne peut financer en permanence des technologies qui n'ont le temps, ni d'être mises au point, ni de prendre pied sur un marché trop immature, comme le Wap ou l'UMTS. Les investissements se feront dans des technologies qui ont un marché à portée de main.propos recueillis par Sandrine C
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