"Le potentiel de croissance de l'ADSL reste énorme"

Latribune.fr -LEA est spécialiste des filtres de séparation voix-données sur l'ADSL, qui permet de faire circuler conversations et données Internet sur le réseau téléphonique classique en cuivre. Pourquoi, selon vous, a-t-elle séduit le jury de Capital-IT ? Eric Berthaud - Plusieurs raisons expliquent sans doute le choix du jury. D'abord notre historique : l'effectif de la société est passé en un an de trois à 35 personnes, nous avons réalisé en 2000 une croissance colossale, que nous avons su canaliser sans " brûler " nos capitaux tout en atteignant les objectifs annoncés à nos investisseurs. Nous avons par ailleurs la chance de nous développer sur un marché très " palpable ". Le DSL commence en effet à être très visible auprès du grand public et des investisseurs. Et LEA, tout en opérant sur une niche - la séparation voix-données - s'inscrit depuis sa création sur un marché mondial : l'an dernier, 95% de nos ventes ont été réalisées à l'étranger. Comment une start-up comme LEA vit-elle le ralentissement actuel du marché des équipements télécoms ?Nous sommes fournisseurs des équipementiers et des opérateurs ; nos plus grands clients s'appellent Alcatel, Nortel, Marconi, Cisco Systems... Ces noms-là participent à construire notre crédibilité auprès des investisseurs : l'an dernier, ils nous ont emmené très vite au sommet de la montagne. Mais depuis le début de l'année, c'est vrai, nous observons un ralentissement des prises de commandes. Il y a eu du surstockage en fin d'année dernière et les ventes du premier trimestre souffrent des reports de commandes chez les industriels. Mais l'épuration des stocks va se faire sur les trois ou quatre premiers mois de l'année. Nous prévoyons la reprise de livraisons normales en mai ou juin, puis un second semestre très fort. Nous maintenons le cap fixé en début d'année, avec un objectif de 120 millions de francs de chiffre d'affaires cette année, contre 31 millions en 2000.Quelle est votre politique d'investissements ? Nous avons dépensé 11 millions de francs en recherche et développement en 2000 et nous prévoyons 25 millions d'investissements cette année, y compris le rachat, en début d'année, de Kurtosis, une société spécialisée dans la distribution du haut débit à l'intérieur des habitations. Nos 21 ingénieurs - sur 35 salariés - travaillent principalement sur deux domaines : les tests d'interopérabilité et l'intégration sur un semi-conducteur des fonctions actuellement assurées par un boîtier, afin de répondre à la demande de nos clients. Ce semi-conducteur, dont nous prévoyons le lancement pour le mois de juin, sera intégré soit dans la prise téléphonique, soit dans le modem connecté à l'ordinateur de l'utilisateur final. Il intéressera donc aussi les fabricants de modems. Dans cette optique, nous n'excluons pas d'acquérir des licences sur certains brevets technologiques.Le passage à la technologie sur silicium nous permettra aussi de répondre au développement de la concurrence, notamment sur le marché asiatique, encore naissant mais où, selon un schéma classique, les fabricants se sont fortement inspirés de la première génération de nos produits. Le marché du DSL est-il toujours aussi prometteur ? Et comment évolue le marché français ? Il y a aujourd'hui moins de dix millions de lignes DSL dans le monde ; il en reste donc 800 millions environ à équiper. Le potentiel de croissance est donc énorme, avec un moteur naturel : Internet. Je ne connais pas un internaute qui refuserait un accès Internet dix fois plus rapide tout en conservant la disponibilité de sa ligne téléphonique ! Malgré les problèmes réglementaires et les conflits entre opérateurs entrants et opérateurs historiques, le marché européen se développe bien et la France y est, quoi qu'on en dise, plutôt bien positionnée, sans doute au deuxième rang derrière l'Allemagne. France Télécom a équipé en DSL les centraux d'environ 200 villes. Certes, avec moins de 80.000 lignes DSL en France, le retard sur l'Allemagne, qui compte 4 à 500.000 lignes DSL, est encore important. Mais il n'y a pas de gros retard français. N'oublions pas que la situation est bien pire sur le marché britannique. Vous avez levé 10 millions d'euros en janvier dernier, auprès d'Innovacom, Newbury ventures, AGF Private Equity, Vertex Technology, Socadif et Vontobel. Quels sont vos besoins financiers ? Nous n'avons pas de besoins financiers dans l'immédiat. Mais nous devons tenir compte des deux caractéristiques de notre marché : il est très concurrentiel et peut repartir de manière phénoménale. Si ce redémarrage génère un besoin en fonds de roulement important, ou si nous ne pouvons pas réaliser notre introduction en Bourse, nous pourrons toujours faire appel à des investisseurs en capital-risque. Propos recueillis par Marc Angrand
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