Le salon Narrowcast confirme l'orientation B2B du marché du streaming

Comme beaucoup d'autres, le salon Narrowcast, spécialisé dans le streaming et la diffusion haut débit pour Internet a changé d'ambiance en un an. Même si le nombre d'exposants et la surface totale occupée à la Porte de Versailles ont doublé, même si les éditeurs d'applications, comme Microsoft ou RealNetworks, sont là en force et même si CanalWeb, star des Webtélés françaises, joue la dérision en installant sur son stand une piscine copie conforme de celle de Loft Story, l'optimisme à tout crin de juin 2000 a disparu : ici comme ailleurs, l'heure est au réalisme économique et à la recherche de modèles économiques permettant d'assurer la rentabilité à moyen terme. " Le marché du streaming ne va pas si mal, assure Christophe Féry, organisateur du salon. Il faut éviter l'amalgame avec les dépôts de bilans et les déconvenues de ces derniers mois. Ceux-ci s'expliquent avant tout par le fait que certains entrepreneurs ont oublié que, pour faire du streaming, il faut de gros moyens et de gros tuyaux. C'est pourquoi les apllications toucheront d'abord les entreprises, avant de toucher le grand public ".L'enquête menée en partenariat avec Narrowcast par la Sofres souligne pourtant l'intérêt des Français pour le streaming : la moitié des 1.000 internautes sondés ont déjà utilisé au moins une fois le streaming et 12% d'entre eux se disent utilisateurs " familiers ", un chiffre qui augmente chez les moins de 35 ans (19%), les gros utilisateurs d'Internet (18%) et les adeptes de l'achat en ligne (19%). En ce qui concerne les usages : les bandes annonces et les clips arrivent, sans surprise, largement en tête. Quant aux usages professionnels (vidéos d'entreprise, recrutement, formation, etc.) ils restent " complètement marginaux ", souligne Gilles Thuillot, de la Sofres.Un constat qui ne correspond pas forcément aux projets des entreprises du secteur : l'échantillon de professionnels interrogés par la Sofres (une cinquantaine, dont une grosse moitié d'exposants à Narrowcast) prévoit certes d'accroître la diffusion de bandes annonces, films et clips. Mais le décalage reste important en ce qui concerne, notamment, les émissions de divertissement : si 39% des professionnels diffusent déjà des concerts ou des spectacles, 14% seulement des usagers disent en avoir déjà regardé un. " Les professionnels prennent sans doute un peu leurs rêves pour des réalités, estime Gilles Thuillot. Peut-être à cause du phénomène Loft Story ". L'émission de M6, dont le succès se mesure aussi sur l'audience des sites Internet du groupe, fait en effet rêver beaucoup d'exposants. Pour autant, le nerf de la guerre des sites grand public, la publicité, ne profite pas forcément de cette démocratisation du streaming. Si certains annonceurs diffusent leurs spots télé sur leurs sites, ceux qui créent spécifiquement pour le Web sont encore rares. Et comme le résume Thierry Laval, PDG de la régie Ad-2-One, " lorsque les créatifs ne s'intéressent pas à un média, il y a peu de chances pour que les annonceurs s'y intéressent. Pourtant, le streaming peut, aujourd'hui, convaincre les annonceurs traditionnels ". Un optimisme partagé par View On TV, un prestataire spécialiste qui réalise déjà la moitié de son chiffre d'affaires dans la publicité. Pour son PDG, Vincent Bataille, " le streaming a un problème : il n'a pas encore trouvé de modèle économique durable. Mais les entreprises s'y intéressent et vont développer les usages. Résultat : les prestataires se spécialisent peu à peu ". Après la publicité, la communication institutionnelle est l'autre créneau porteur. Pointe Noire, une autre société de production spécialisée, compte ainsi une soixantaine de clients grands comptes qui diffusent en ligne assemblées générales, visio-conférences, présentation de résultats financiers, etc.. L'entreprise, qui table sur un chiffre d'affaires de 15 millions de francs cette année, est déjà bénéficiaire. " Le streaming reste une niche, reconnaît son directeur général, Yves Héribert, mais une niche qui réunit beaucoup de technologie et beaucoup d'investissements ". Marc Angrand
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