latribune.fr. - Après les chiffres de l'inflation en mai, faut-il craindre un scénario stagflationniste en France ?Emmanuel Ferry. - A première vue, nous nous trouvons effectivement dans un schéma de stagflation, marqué par un retournement brutal des perspectives d'activité conjugué à une sous-estimation des pressions inflationnistes. La France reste toutefois plus vertueuse que ses partenaires européens en matière de prix. L'indice sous-jacent d'inflation, qui exclut les produits dont les prix sont les plus volatils (énergie, produits frais, ...), s'est établi à +1,5% en mai, contre +1,9% pour l'ensemble de la zone euro. Cet indice n'en a pas moins grimpé d'un demi-point depuis avril 2000, ce qui est le signe du renforcement des pressions inflationnistes.Quelle est la part des facteurs temporaires dans la hausse de 0,7% de l'inflation française en mai ?Ils ont joué un rôle prépondérant. Comme nous l'attendions, les produits pétroliers ont connu une très forte hausse (+3,5% par rapport à avril). C'est la conséquence directe de la remontée du prix du baril de pétrole le mois dernier. Exprimé en euros, le baril de Brent (qualité de référence pour le marché européen) a gagné 11,7% en mai, ce qui marque sa plus forte progression depuis le mois d'août 2000. A cela s'est ajouté le dérapage des prix des produits frais lié aux conditions climatiques dégradées des derniers mois.La hausse de l'inflation va-t-elle se poursuivre en France ?Il ne faut pas se voiler la face : les mécanismes inflationnistes qui sont déjà en cours dans l'économie française vont continuer de s'amplifier dans les prochains mois, sous l'effet notamment de l'entrée en vigueur de l'euro fiduciaire. La substitution de la monnaie unique aux monnaies nationales constituera en effet une occasion unique pour les entreprises qui sont dans des secteurs relativement peu concurrentiels, de refaire leurs grilles de prix à leur avantage. Les citoyens européens, qui sont pour les trois quarts d'entre eux convaincus que les prix vont augmenter avec la mise en place de l'euro, vont également contribuer à augmenter les pressions en demandant des hausses de salaires plus conséquentes. Enfin, la monnaie unique va déboucher sur une accélération de la masse monétaire avec le retour dans le circuit financier des encaisses thésaurisées, ce qui contribuera à l'inflation.Propos recuellis par Jean-Noël Roffiae

latribune.fr

20 Oct 2008, 6:55

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