« La reprise reste fragile sur les marchés émergents »

La Tribune. - Comment expliquez vous la bonne résistance des marchés émergents depuis le début de l'année ?François Méreau. - Après trois premiers mois difficiles, les Bourses des pays émergents ont entamé un rebond vigoureux au début du mois d'avril. Depuis, l'indice de référence des marchés émergents a regagné 13%, revenant dans le vert depuis le début de l'année. La baisse des taux courts américains a joué un rôle moteur en accroissant la liquidité et en réduisant l'aversion au risque des investisseurs. Face à des marchés occidentaux en difficulté, les Bourses émergentes ont également profité de niveaux de valorisation peu élevés, de l'ordre de 10 à 12 fois les bénéfices 2001. Enfin, même si des crises sont intervenues en Turquie et en Argentine, d'autres pays émergents comme la Chine, le Mexique ou la Russie ont agréablement surpris par leurs performances depuis le début de l'année.Le regain d'intérêt pour les marchés émergents est-il durable ?Le rebond de ces marchés reste fragile. D'abord, l'impact du ralentissement américain est encore difficile à estimer. Pour certains pays, comme le Mexique ou la Malaisie, les exportations vers les Etats-Unis représentent jusqu'à 30% du produit national brut. Ces marchés seraient évidemment affectés par un nouveau fléchissement de la croissance américaine. La hausse du prix du pétrole fragilise également la reprise des pays émergents en détériorant leur balance commerciale. Troisième menace, la compétitivité des nouveaux pays industrialisés d'Asie risque d'être mise en cause par une nouvelle dépréciation du yen contre le dollar, qui doperait les exportations japonaises. Enfin, les économies émergentes sont toujours à la merci des fluctuations d'un certain nombre de produits technologiques.Va-t-on assister à une accélération des investissements directs dans les pays émergents ?Le rachat de la banque mexicaine Banucci par Citigroup a confirmé l'intérêt des grandes entreprises occidentales pour les pays émergents. Des niveaux de valorisation attractifs peuvent jouer le rôle d'accélérateur en la matière. Les vagues de privatisations en cours en Turquie, en Chine ou en Russie vont également créer des opportunités d'investissements.Propos recueillis par Jean-Noël Roffiaen
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