« L'Amérique n'a pas touché le fond »

« La Tribune ». Comment recevez-vous la forte dégradation de la confiance des ménages américains ?Nordine Naam. L'indicateur de la confiance des ménages américains a chuté de 7,7 points en avril pour s'établir à 109,2 contre 116,9 (chiffre révisé en mars). Cette chute est bien supérieure aux anticipations des analystes qui tablaient dans leur consensus sur une baisse à 112. On a donc effacé le rebond du mois de mars, comme le laissaient supposer les chiffres du chômage publiés au début du mois avec un taux de 4,3 %, inconnu depuis près de deux ans. On peut donc maintenant penser que la consommation devrait ralentir outre-Atlantique après sa bonne tenue du début de l'année. Tout cela laisse penser que l'économie américaine n'a pas encore touché le fond.Comment la Bourse devrait-elle réagir ?La dégradation du moral des ménages américains légitime l'intervention surprise de la Fed la semaine passée. Je crois qu'elle n'a pas achevé son mouvement de baisse de ses taux et qu'une nouvelle baisse de 50 points de base est envisageable lors de sa réunion du 15 mai prochain. Cette détente des taux par la Fed depuis janvier, l'une des plus fortes et des plus rapides depuis 1987, vient à point pour soutenir les marchés financiers. Toutefois, je pense que l'atonie va s'imposer à Wall Street car la faiblesse de la conjoncture va continuer à peser sur les résultats des entreprises. Après une baisse des bénéfices de 10 % pour les sociétés de l'indice S&P 500 au premier trimestre, une nouvelle baisse de 8 % est attendue au deuxième. Je m'inquiète surtout du fort rebond attendu par les analystes pour 2002 (+ 17 %) et je m'attends à un fort courant de révisions baissières dans les mois qui viennent. Les marchés seront très volatils. Je n'exclus pas que l'on revienne vers les plus-bas atteints en mars. Une amélioration durable des marchés boursiers n'est pas envisageable avant cet été.Quelle stratégie adopter ?A très court terme, il faut privilégier les marchés obligataires, qui bénéficieront de la baisse des taux, de la volatilité des marchés boursiers, mais aussi éventuellement d'une « fuite vers la qualité » si les marchés émergents devaient connaître des turbulences. Quant à rester sur les actions, il faudra mettre à profit le dégonflement de la prime dont bénéficient les valeurs défensives (pharmaceutiques, distribution...).Propos recueillis par Christophe Tricaud
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