« La position de valeur refuge des banques trouve ses limites »

« La Tribune »: Comment jugez-vous les résultats des banques françaises ?Romain Burnand: Les bénéfices 2000 des grandes banques françaises sont très satisfaisants et supérieurs aux attentes du début de l'exercice. Ils illustrent le chemin parcouru depuis l'assemblée générale de 1998 de la Société Générale, quand celle-ci avait annoncé un objectif ambitieux de 15 % de rentabilité de ses fonds propres. L'an dernier, elle a fait nettement mieux avec une rentabilité de 22 %. Dans cette amélioration, la valorisation élevée des actions se ressent à plusieurs niveaux. L'activité de réseau a bénéficié de commissions financières en hausse du fait du vif appétit des particuliers pour des produits actions. L'activité de gestion a profité de la revalorisation des actifs confiés aux banques. Et le métier action des banques s'est nourri de l'intermédiation et des activités sur produits dérivés.Ces bons résultats sont-ils menacés ?Au vu de la baisse des marchés, 2001 s'annonce clairement plus difficile. Il faudrait une reprise sensible pour que les activités liées à la Bourse soutiennent les résultats des banques. Les banques françaises paraissent avantagées par rapport à leurs grandes concurrentes généralistes européennes. La bonne répartition de leurs activités, grâce à leur activité de réseau, aux services financiers spécialisés et aux financements structurés, les place dans une meilleure position que Deutsche Bank, UBS, Crédit Suisse... Paradoxalement, l'insuffisance des banques françaises sur le terrain des commissions du marché primaire ou des fusions et acquisitions devient une force relative. Leurs positions sur les obligations redeviennent un atout dans le contexte actuel de baisse des taux.La baisse des taux des banques centrales va-t-elle soutenir le secteur en Bourse ?Excepté sur le marché obligataire, la baisse des taux n'offre pas directement aux banques une amélioration significative de leur activité au quotidien. Et si le compartiment a surperformé les indices en début d'année, c'est parce que les banques ont servi de valeur refuge quand les investisseurs, inquiétés par la conjoncture américaine, ont souhaité limiter leur exposition aux secteurs exportateurs, aux biens d'équipement ou fuir les télécoms. Cette position de valeur refuge trouve maintenant ses limites.
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