"Un choc sera probablement nécessaire à tout changement au Japon"

La Tribune.- Comment avez-vous réagi au plan de réformes économiques présenté vendredi ? Véronique Seltz.- Le programme, annoncé avec 48 heures de retard, est pour le moins... déroutant. Si plusieurs mesures sont évoquées, il manque beaucoup de détails quant à leur application. Prenez les banques. En dépit de la volonté affichée d'améliorer leur situation en deux ans, il n'apparaît aucune mesure destinée aux institutions régionales - qui sont pourtant des prêteurs importants - pas plus que des contraintes destinées à les inciter à changer de comportements. Le risque reste grand que ne se crée un véritable 'hasard moral' dans ce secteur. Une volonté de réforme pourrait-elle se dessiner au cours des prochains mois ?Tout va dépendre du nouveau premier ministre qui sera mis en place le 24 avril. J'ai relativement confiance en une possible nomination de Ryutaro Hashimoto, même si des marges de manoeuvres lui seront nécessaires pour la mise en œuvre de toute réforme d'importance. Si la défaite du PLD aux élections de la Chambre Haute du 29 juillet semble acquise, tout le problème reste que l'opposition n'est guère unie. L'absence de leadership politique reste le grand malheur du Japon. Dans ce contexte comment voyez-vous l'économie japonaise évoluer au cours des prochains mois ? Sans réformes structurelles radicales, qui auraient forcément un effet récessif important à court terme, l'économie reste largement dépendante de la situation aux Etats-Unis. Le scénario auquel nous souscrivons est celui d'une reprise en «U » de l'économie américaine dès le second semestre, qui parviendrait à enrayer le ralentissement du Japon, dont la croissance atteindrait alors 0,8 % sur l'année. Le dernier rapport Tankan montre que les entrepreneurs japonais, qui prévoient une reprise de leurs ventes et de leurs profits au cours de la deuxième moitié de l'année, ont également une telle évolution en tête. Le cas échéant, un ralentissement prolongé de l'économie américaine pourrait avoir un effet salutaire : celui de forcer les autorités à s'attaquer aux réformes. Je me souviens d'un banquier japonais, qui, en 1998 déjà, me confiait qu'il fallait un véritable choc pour que le Japon réagisse...
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