« Le rebond obligataire est menacé par l'inflation »

La Tribune. - A quoi attribuez-vous le récent regain d'intérêt des investisseurs pour les obligations ?Jean-Paul Chevé. - La forte reprise entamée depuis la fin du mois de mai m'a surpris car elle intervient dans un contexte où les résurgences inflationnistes se confirment, notamment en Europe. De plus, les marchés d'actions ont été plutôt bien orientés au cours des derniers jours, ce qui joue parfois en défaveur des obligations. Finalement, le récent rebond des obligations semble plutôt être un ajustement haussier après près de deux mois de correction qui avaient vu le rendement de l'OAT à dix ans s'apprécier d'une cinquantaine de points de base (de 4,75 % fin mars à 5,30 % fin mai). Alan Greenspan, qui a jugé mardi que la hausse des prix n'était pas pour l'instant un problème significatif, a également allégé les inquiétudes des investisseurs sur les tensions inflationnistes.Peut-on espérer une poursuite du rebond du marché obligataire ?Malgré la reprise des derniers jours, nous conservons un biais négatif sur l'obligataire. Les résurgences inflationnistes, illustrées par les mauvais chiffres publiés récemment en Allemagne et en France, constituent toujours un risque pour ce marché. La confirmation du ralentissement économique empêchera par ailleurs les gouvernements européens d'atteindre les objectifs ambitieux de réduction du déficit public qu'ils s'étaient fixés. Une offre de titres plus abondante que prévu devrait logiquement se traduire par une tension des rendements. Pour autant, nous ne prévoyons pas de correction brutale, mais plutôt un retour de l'OAT à des rendements de l'ordre de 5,50 %, contre 5,15 % aujourd'hui.Les obligations européennes peuvent-elles souffrir d'une nouvelle dépréciation de l'euro ?A part dans une optique de très court terme, il n'existe pas de corrélation évidente entre le taux de change de l'euro et l'évolution des actifs obligataires. Entre la fin janvier et la fin mars, le rendement des obligations d'Etat européennes à dix ans s'est par exemple détendu d'environ un quart de point alors que la monnaie se dépréciait de plus de 4 % contre le dollar. Rien ne permet donc d'affirmer qu'une nouvelle chute de l'euro fragiliserait le marché obligataire européen.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.