Le juste prix

Chacun, pour l'heure, se renvoie la balle mais rares sont ceux qui tentent dès aujourd'hui d'en tirer la moindre conclusion. Seuls les porteurs d'actions à dividende prioritaire (ADP) Legrand mécontents de la parité d'échange, et à l'origine du recours à l'initiative de l'Association de défense des actionnaires minoritaires de Colette Neuville, ne cachent pas leur joie. Pour eux, pas de doute, Schneider sera peu ou prou contraint de relever son offre sur les ADP. Et dans un même élan, tous les minoritaires engagés dans des actions visant à obtenir des parités jugées plus équitables -comme dans les dossiers de Via Banque ou la BRI- reprennent espoir après des décennies de suivisme de la Justice à l'égard des décisions des autorités réglementaires. Certes, certains cherchent déjà à se sortir par le haut à grands renforts d'arguties juridiques. La Cour d'Appel n'a-t-elle avant tout retoqué le dossier incomplet du CMF et non l'offre elle-même ? Peu importe. Qu'elle que soit l'issue finale de cet arrêt historique, le débat est enfin lancé : comment juger du juste prix d'une offre en France ? La question a longtemps été renvoyée dans le cénacle fermé des conseils d'administration, qui ont encore beaucoup de progrès à faire sur le terrain du gouvernement d'entreprise, autrement dit de la défense de la création de valeur pour l'actionnaire. De leurs côtés, les autorités de régulation ont toujours bridées leurs compétences au seul examen des méthodes retenues pour fixer un prix d'échange sans jamais se prononcer sur le prix lui-même. Et chacun de désigner comme seul juge de paix « le marché ». Mais que peut faire un actionnaire individuel mécontent face au « marché », aux conseils d'administration, aux juridictions à la fois complexe et coûteuse ? Pas de possibilité, comme aux Etats Unis avec la « class action » de se regrouper pour demander raison auprès de la Justice. Mais, pour une fois, cette machine bien huilée s'est grippé. Et les autorités publiques devront désormais réfléchir aux contre pouvoirs nécessaires pour mieux équilibrer les offres à la satisfaction de chacun. La morale de marché ne s'en trouvera que mieux défendue.
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