La BCE baisse ses prévisions de croissance, Bercy les maintient

L'incertitude gagne du terrain dans la zone euro. La Banque centrale européenne (BCE) a revu en baisse ses projections de croissance pour la zone euro. Alors qu'en décembre dernier, la BCE tablait sur une croissance du PIB des Douze comprise entre 2,6 et 3,6%, elle a ramené dans son rapport mensuel de juin cette fourchette à 2,2-2,8%. Cette révision est notamment le résultat de l'atterrissage brutal de l'économie américaine qui pèse sur la contribution des échanges extérieurs au PIB. De plus, et c'est notamment le cas en Allemagne, première économie de la zone euro, la demande intérieure ne permet pas "d'apporter la stimulation escomptée", précise la BCE dans son rapport. La Banque centrale européenne insiste sur la "forte incertitude" qui pèse sur les perspectives économiques de la zone euro, n'excluant pas que "l'environnement international puisse évoluer de façon moins favorable que prévu". Ces doutes quant à l'évolution de la conjoncture laissent pour l'instant assez indifférent Bercy. Au ministère français de l'Economie et des Finances, on ne s'apprête pas à procéder à une troisième révision consécutive des prévisions de croissance pour 2001. Alors que le bruit courait depuis quelques jours, le ministère de l'Economie et des Finances a démenti ce matin l'hypothèse d'un nouvel ajustement à la baisse. "2,7%, nous en sommes là. D'autres supputations ne reposent sur rien", a indiqué ce matin une source proche du ministère de l'Economie et des Finances. "On ne compte pas donner de nouveaux chiffres avant le moment où nous allons arrêter le budget, dans quelques semaines. A ce moment là, on arrêtera le chiffre probable et vraisemblable", poursuit-on dans l'entourage du ministre. Le 6 juin dernier, Laurent Fabius avait reconnu lors de son discours d'ouverture du débat d'orientation budgétaire pour 2002 que la hausse du PIB tournerait cette année « autour de 2,7 % ». Il était ainsi revenu sur sa précédente prévision, qui s'établissait à 2,9%. En fin d'année dernière, au moment du vote de la loi de finances initiale, le gouvernement tablait encore sur une croissance de 3,0 à 3,6%.Les experts de Bercy estiment, à l'instar de leur ministre, que dans la conjoncture actuelle on ne peut ignorer la réalité du ralentissement mais qu'il ne faut pas avoir une réaction disproportionnée et se "couvrir la tête de cendres". Et d'ajouter que "2,7% ce n'est pas la catastrophe absolue". Dans l'entourage de Bercy, on précise également qu'en l'état actuel des choses, et malgré la révision à la baisse de la croissance, le manque à gagner sur le plan des recettes fiscales demeure de l'ordre de 10 à 15 milliards de francs, comme indiqué en début d'année lors de la première révision des perspectives de croissance. Bercy martèle en conséquence le message du locataire des lieux : le ralentissement de la croissance ne doit pas modifier la politique économique du gouvernement. Il faut continuer à maîtriser les dépenses publiques, poursuivre les baisses d'impôts et limiter les déficits. Ce matin, la Banque de France (BdF) qui publiait son enquête mensuelle, ne manque pas de souligner que les carnets de commande ont poursuivi leur repli en mai. Elle insiste également sur un fait nouveau, qui à terme pourrait devenir préoccupant : "des reports d'investissements commencent à être signalés mais touchent une minorité d'entreprises". En conséquence, la BdF estime que le PIB français progresserait de 0,5% au deuxième trimestre, puis de 0,6% au troisième trimestre. Si ces hypothèses se vérifient, l'économie française devrait afficher une croissance d'au moins 2,3% cette année.Cela fait maintenant près de six mois que l'économie française subit les effets d'un nouveau trou d'air. Le ralentissement de la baisse du chômage, le déclin de la confiance des consommateurs et des patrons et la réduction des perspectives d'investissement ont pour l'instant été les principaux symptômes de ce passage à vide qui complique sérieusement le travail du ministère de l'Economie et des Finances dans l'élaboration du budget 2002.latribune.f
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.