"L’i-mode est une alternative crédible à la déception du WAP"

Vous venez d'annoncer l'adaptation progressive de votre offre de services à la norme i-mode, que l'opérateur japonais NTT DoCoMo va bientôt lancer en Europe. Quels élements ont motivé ce choix ? Pour nous, il s'agissait de trouver une alternative concrète et suffisamment crédible à court terme au WAP, au-delà du fantasme actuel sur les futures normes de troisième génération, à commencer par l'UMTS. Nous avons donc choisi d'accompagner DoCoMo dans son développement européen. Concrètement, nous allons donc adapter tous les services que nous offrons déjà à nos utilisateurs (sonneries, logos, jeux, cartes postales mobiles...) à la norme i-mode, et intégrer des contenus du principal fournisseur de services i-mode au Japon. Nos services vont s'enrichir de couleurs, de musique et d'animation, avec une ergonomie améliorée. Ainsi, par exemple, l'envoi de photos via un mobile, qui n'est pas vraiment convaincant avec le WAP, est beaucoup plus réussi en i-mode. Quel est le calendrier du déploiement de l'i-mode par DoCoMo ? DoCoMo se lancera dans quelques mois aux Pays-Bas et en Italie [deux pays dans lesquelles il a conclu des alliances avec des opérateurs mobiles, ndlr]. En France, nous testons déjà, en collaboration avec un fabricant, des terminaux mobiles bi mode, WAP et i-mode. Mais le déploiement de la norme i-mode dépendra évidemment de la volonté des opérateurs. Nous espérons qu'ils s'y mettront avant la fin de l'année ou au début de 2002. Nous sommes confiants : le saut qualitatif entre le WAP et l'i-mode est tel que les opérateurs pourront difficilement passer à côté. De plus commercialement, la réussite de l'i-mode au Japon a montré la viabilité grandeur nature de cette norme, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui du WAP. Celui-ci pose deux gros problèmes qui handicapent son développement : la facturation à la durée, qui fait apparaître le WAP comme une norme chère aux yeux de l'utilisateur, et la pauvreté des contenus. Ceux-ci sont difficile à développer car il n'existe pas de norme WAP unique : il faut presque adapter les contenus à chaque terminal. Dans ces conditions, il est difficile de développer un usage récurrent du WAP chez l'utilisateur au-delà du simple test. Les autres normes annoncées, GPRS et UMTS, laisseront-elles à l'i-mode le temps suffisant pour se développer ?Le gros problème de l'UMTS, c'est qu'on annonce un retard supplémentaire de son déploiement quasiment tous les mois. Dans ces conditions, même si les démonstrations en laboratoire sont très intéressantes, il est difficile d'envisager un déploiement rapide à grande échelle, ce qui constitue pourtant le facteur déterminant. Et les expériences récentes, celle du WAP ou celle du Bi-Bop en France, incitent à la prudence. Je crois donc que l'i-mode a deux ans devant lui pour se développer. L'UMTS ne sera sans doute pas sur le marché à grande échelle avant 2003, voire 2004. Et les opérateurs ne pourront pas aller plus vite que le rythme naturel de renouvellement du parc. Cette " fenêtre " disponible pour l'i-mode permettra d'éduquer les utilisateurs. Ce sera beaucoup plus facile avec l'i-mode qu'avec le WAP, qui frustre l'utilisateur. Et l'exemple du Japon montre que des utilisateurs habitués à l'Internet mobile à bas débit passent très facilement au haut débit. Economiquement, le développement de services pour l'i-mode peut-il être rentable pour un fournisseur de services comme Kiwee ? Nous le pensons, car DoCoMo est parvenu à mettre en place un modèle de partage de revenus avec les fournisseurs de services qui a fait la preuve de son efficacité, qui permet à tout le monde de vivre et qui incite naturellement les fournisseurs à développer de nouveaux services. Malgré tout, ce choix stratégique représente pour nous un investissement financier important. Il va nous obliger à développer un nouveau canal technologique et un nouveau canal de distribution, à repenser l'organisation des services et leur ergonomie. Mais nous savons que ce basculement des services vers les normes suivantes, et d'abord vers l'UMTS, sera plus simple. Tout ce que nous faisons aujourd'hui, nous n'aurons pas à le faire demain.Propos recueillis par Marc Angrand
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