Des chiffres bien peu encourageants pour la pharmacie

Traditionnellement reconnu pour ses qualités défensives, le secteur pharmaceutique a décidément bien du mal à résister à l'heure actuel. Dernier exemple en date, Schering Plough vient de publier des chiffres en net repli au titre du troisième trimestre. Le bénéfice par action (BPA) du laboratoire américain a ainsi reculé de 41 à 29 cents, comme il l'avait laissé entendre lors de son avertissement de début octobre. Le groupe se dit pénalisé par la prochaine perte de son brevet sur la Claritin, son antihistaminique. Et aucun nouveau produit ne devrait prendre la relève. De quoi justifier ce que le groupe avait prédit en début de mois: ses résultats 2002, 2003 et 2004 seront inférieurs aux prévisions des analystes.Des résultats en repliCette annonce pourrait bien entendu paraître anecdotique dans le contexte actuel. Mais, pour le secteur de la pharmacie, elle vient s'ajouter à une longue liste de publications et de discours inquiétants. Pas plus tard qu'hier, deux autres laboratoires ont apporté leur lot de déceptions.GlaxoSmithKline a bien tenté de séduire les marchés en présentant un plan de rachat d'actions portant sur 4 milliards de livres sterling (6,3 milliards d'euros). Mais les opérateurs ont surtout noté que le BPA du groupe, de 16,7 pence, est ressorti dans le bas des prévisions, tout comme le chiffre d'affaires. ING a d'ailleurs dégradé le titre d' "achat" à "neutre".Quant à Eli Lilly, si ses résultats ont augmenté au troisième trimestre, il a en revanche estimé que son BPA du dernier trimestre serait compris entre 68 et 70 cents, alors que Wall Street visait plutôt 72 cents. Eli Lilly met en avant les coûts marketing en hausse et des ventes plus faibles pour certains de ses produits. En outre, il s'est également voulu très prudent pour 2003.Comme GlaxoSmithKline, Merck a lui aussi subi une révision à la baisse, mais de la part d'UBS Warburg. L'intermédiaire, craignant pour l'an prochain une baisse des ventes et une dégradation des marges, a ramené de 3,40 à 3,29 dollars son estimation de BPA 2003 pour Merck. Vendredi dernier, l'Américain avait annoncé une légère baisse (de 3,3%) de son bénéfice trimestriel et, sur l'année, ses résultats devraient stagner.Difficile donc de trouver des groupes qui adoptent un discours optimiste. Et lorsque certains tentent de le faire, un grain de sable vient toujours se glisser dans les chiffres. Par exemple, si ce jeudi AstraZeneca a relevé de 1,51-1,66 dollar à 1,73 dollar sa prévision de BPA pour les trois derniers mois de l'exercice, celui du troisième trimestre a quant à lui reculé: de 7% à 39 cents. Les investisseurs semblent même quelques fois chercher la petite bête. Mercredi, l'action Sanofi-Synthélabo a perdu plus de 4% malgré un chiffre d'affaires trimestriel en hausse et des prévisions maintenues. Les observateurs ont relevé que le rythme de croissance avait ralenti sur le dernier trimestre.Si l'on peut bien évidemment trouver des raisons propres à chacun pour expliquer le pessimisme ambiant, ce dernier confirme surtout la montée du risque des médicaments génériques, évoqué depuis plusieurs mois. Comme Schering Plough et sa Claritin, tous les grands laboratoire, de Eli Lilly (avec le Prozac) à Glaxo (avec l'Augmentin) en passant par Sanofi (avec le Plavix), subissent déjà la concurrence ou sont sous la menace de génériques concernant leurs produits-phares très rémunérateurs. De quoi susciter quelques inquiétudes pour l'avenir, surtout pour ceux, comme Schering Plough, qui n'ont pas d'autres produits en réserve.La menace des génériques s'accentueEt la situation ne devrait pas s'arranger au regard des mesures annoncées lundi par George W. Bush, visant précisément à favoriser les génériques. Dans le but de réduire les dépenses d'achats de médicaments, le président américain veut réduire le champ d'action des brevets et limiter les recours des laboratoires leur permettant de freiner la sortie des génériques. A l'expiration des brevets, les fabricants peuvent en effet demander des reports d'examen d'autorisation de mise sur le marché des génériques. Le gouvernement américain souhaite limiter à un seule demande ces recours, qui aujourd'hui peuvent être multipliés.En attendant, chacun tente de défendre ses plates-bandes, à l'image de Pfizer, ce qui promet de belles batailles dans les mois à venir. Mardi, l'Américain a porté plainte contre GlaxoSmithKline, Bayer et Eli Lilly, les accusant de violer un brevet protégeant un composé de son célèbre produit contre les problèmes d'érection, le Viagra.Finalement, aucun grand laboratoire ne semble avoir à gagner à ces batailles, à l'exception bien entendu de ceux qui se sont spécialisés dans les génériques. Ainsi, les certificats de dépôt cotés à New York du groupe israélien Teva Pharmaceuticals ont progressé de plus de 11% depuis le début de l'année, pendant que les laboratoires européens et américains (détenteurs de brevets) se sont enfoncés en Bourse.
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