La Cour européenne annule le veto à la fusion Schneider-Legrand

C'est un nouveau rebondissement qui intervient dans un dossier qui dure depuis plus d'un an et demi. Le Tribunal de première instance de la Cour européenne de justice (CEJ) vient d'annuler le veto de la Commission européenne à la fusion entre Schneider et Legrand."Le Tribunal annule les décisions de la Commission interdisant la concentration entre Schneider et Legrand et ordonnant en conséquence leur séparation", précise un communiqué. Selon la CEJ, l'analyse faite par la Commission n'aurait pas été menée correctement. Elle "est affectée d'erreurs et d'omissions qui la privent de valeur probante sauf en ce qui concerne les marchés sectoriels français", a-t-elle estimé. Quant au marché sectoriel français, "tout en admettant les effets anti-concurrentiels de l'opération, le Tribunal retient une violation sérieuse des droits de la défense qui le conduit à annuler la décision d'interdiction".Après un premier avis défavorable en juillet 2001 et des négociations infructueuses, la Commission avait décidé de bloquer le projet de fusion entre Schenider et Legrand au mois d'octobre 2001. Problème pour Schneider: l'OPE avait déjà été réalisée et il détenait 98% de sa cible. Il a donc décidé de porter l'affaire devant les Tribunaux européens mais a été contraint de trouver une solution de sortie. C'est ainsi que cette participation a récemment été cédée au consortium Wendel Investissements-KKR pour 3,6 milliards d'euros en cash.Aujourd'hui, en théorie, Scheider et Legrand peuvent donc fusionner. Et bien évidemment, l'accord de cession signé avec Wendel Investissements et KKR prévoyait une condition suspensive. Mais s'il veut récupérer Legrand, Schneider devra verser une indemnité aux acquéreurs et prendre à sa charge les frais encourus, pour un montant estimé à 180 millions d'euros. Il convient également de ne pas oublier que la Commission européenne à la possibilité de faire appel dans les 60 jours qui viennent. Pour l'heure, une porte-parole a indiqué que les implications de l'arrêt du Tribunal de première instance étaient à l'étude.Du côté de Schneider, on se veut également prudent. Il est "un peu tôt" pour savoir si des compensations financières peuvent être obtenues. Quand à l'avenir de Legrand, "nous regarderons deux options: vendre Legrand, qui est la situation la plus rapide, la seconde étant de garder Legrand. Nous serons très prudents et soucieux de choisir la solution la plus créatrice de valeur pour nos actionnaires", a déclaré Antoine Giscard d'Estaing, directeur financier de Schneider. Le groupe estime qu'il pourra se prononcer dans "les semaines qui viennent".Mais la nouvelle a déjà été accueillie avec enthousiasme à la Bourse de Paris. L'action Schneider, qui était dans le rouge suite à un chiffre d'affaires décevant (voir ci-dessous), est brusquement passée dans le vert et gagne 4,18% à 47,80 euros en fin d'après-midi.En revanche, la décision de la CEJ constitue un nouveau revers pour la Commission européenne et pourrait même à terme mettre à mal sa légitimité. Bruxelles avait déjà essuyé un premier échec en juin lorsque les juges européens ont cassé l'interdiction de fusion entre Airtours et First Choice. Plusieurs autres recours doivent être prochainement jugés et à cet égard la fin de semaine fera figure de nouveau test pour les équipes de Mario Monti. Vendredi, la Cour doit se prononcer sur le blocage de la fusion Tetra Laval-Sidel. Olivier DecarreUn chiffre d'affaires décevant pour SchneiderUn peu avant l'annonce de la décision de la CEJ, Scheider a présenté son chiffre d'affaires trimestriel. Après le repli de 7,2% affiché au premier semestre, celui-ci a continué de reculer. Au troisième trimestre, il s'est affaissé de 8,3% à 2,27 milliards d'euros. Henri Lachmann, PDG du groupe, a indiqué que les marchés de Schneider ne montraient pas "de signes de reprise significative". A taux de change et périmètre constants (-2,4%), le trimestre "confirme l'arrêt de la dégradation déjà constatée" au second trimestre. C'est surtout l'Amérique qui a pesé avec des ventes en recul de 16,5% en données constantes. Pour l'année 2002, le groupe a confirmé qu'il attendait un "repli limité" de son chiffre d'affaires (environ 5%) et une amélioration de son taux de marge d'exploitation au second semestre.
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