Sous la pression, Citigroup isole sa recherche financière

Citigroup vient de franchir le pas. Alors que le manque d'indépendance des analystes a été largement critiqué ces derniers mois et que les autorités américaines de régulation étudient actuellement des mesures permettant de garantir l'objectivité des recommandations émises par les équipes de recherche, la première banque mondiale a annoncé la séparation de ses activités de recherche et de banque d'investissement.Citigroup semble donc avoir préféré prendre l'initiative plutôt que d'attendre d'être contraint à un remaniement par une disposition réglementaire. Concrètement, une nouvelle entité, nommée Smith Barney, intégrera bientôt les activités de banque privée et la recherche financière.Regroupant 12.500 conseillers, elle sera dirigée par Sallie Krawchek que le magazine Fortune a qualifié de dernière analyste honnête aux Etats-Unis. Ancien PDG de la société de bourse Sanford C. Bernstein, elle avait également été désignée meilleure analyste des maisons de courtage de 1997 à 1999.Après la crise de confiance qui a secoué les marchés, le choix de la dirigeante et le fait de prendre l'initiative traduisent bien la volonté de Citigroup de véhiculer une image d'objectivité. Ce que confirme le discours de Sandy Weill, le PDG de la banque : "notre nouvelle structure est en droite ligne du but que nous partageons avec nos régulateurs: assurer l'impartialité de la recherche", a-t-il déclaré.Il faut reconnaître que les mesures prises, y compris les plus symboliques, ne seront pas de trop pour reconquérir la confiance des investisseurs après les scandales des derniers mois. Citigroup n'a d'ailleurs pas été épargné. On a notamment reproché à Jack Grubman, un analyste-maison, ses liens avec WorldCom, détenteur du titre peu glorieux de la faillite la plus retentissante de l'histoire américaine.Mais les autres grandes banques américaines ont elles aussi été mises sur la sellette. Notamment après la croisade lancée au printemps par Eliot Spitzer, le procureur de l'Etat de New York. Plusieurs analystes ont été accusés de délivrer des études positives dans le seul but de ménager la suceptibilité des entreprises concernées afin de permettre à leur banque d'obtenir des contrats: placements de titres, acquisition... La suspicion a été d'autant plus forte que, très souvent, les analystes (et leur rémunération) dépendent directement de la banque d'affaires. On peut citer l'exemple des primes calculées en fonction des volumes apportés par l'analyste à la banque d'affaires.Néanmoins, si, à l'avenir, la recherche n'est plus subventionnée par la banque d'affaires, reste à savoir comment elle sera financée et si elle sera économiquement viable. Sur ce point, Citigroup n'apporte pour l'instant aucun élément précis de réponse. Mais d'une manière générale, les solutions envisageables ne sont pas légion. Les équipes de recherche devront certainement mettre leurs clients à contribution. Et elles seront sans doute amenées à réduire leurs coûts de fonctionnement (voir ci-contre), notamment les salaires, parfois faramineux, des analystes...
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