Vivendi étudie une reprise indirecte de Cegetel

L'attaque frontale n'est pas la seule stratégie permettant de gagner une bataille. Surtout lorsque l'on n'a pas les ressources nécessaires. C'est certainement le raisonnement qu'est en train de tenir Vivendi Universal à propos du dossier Cegetel. Ne pouvant augmenter son endettement et ne disposant pas d'une trésorerie suffisante pour contrer directement l'offre de Vodafone, le groupe de Jean-René Fourtou tenterait en effet, selon Reuters, de mettre la main sur Cegetel par des moyens détournés.Ainsi, il envisagerait la création d'une société dont l'unique but serait de détenir des titres Cegetel. Bénéficiant d'une partie du produit de la vente des éditions européennes de Vivendi à Lagardère (1,25 milliard d'euros) et d'emprunts bancaires, celle-ci pourrait racheter pour 4 milliards d'euros environ les 26% de l'opérateur détenus par BT.Par ce biais, Vivendi obtiendrait 70% de Cegetel et aurait le contrôle à 56% de SFR, l'opérateur mobile étant une filiale à 80% de Cegetel (en revanche, le rachat des seuls 15% de Cegetel détenus par SBC ne suffirait pas pour que Vivendi contrôle SFR).Un tel scénario aurait bien des avantages pour Vivendi. Il lui permettrait de récupérer le contrôle de Cegetel et de ses cash-flows. Il contournerait le problème du manque de disponibilités de VU, accentué par le report de la vente de Houghton Mifflin (voir ci-contre) décidé hier. Enfin, et peut-être surtout, ce montage ne viendrait pas alourdir son bilan. Car le groupe, qui doit obligatoirement se désendetter, ne garantirait pas l'emprunt contracté auprès des banques. Ces dernières se rembourseraient, bien sûr, avec les dividendes versés par Cegetel à la société ad hoc. Mais Vivendi est encore loin d'avoir remporté la partie. Tout d'abord, il doit agir vite. Il n'a en effet a priori que jusqu'au 10 novembre pour exercer son droit de préemption sur tout ou partie de l'accord de 6,3 milliards conclu récemment entre Vodafone et les deux vendeurs, BT et SBC, pour leurs participations respectives de 26 et 15% dans Cegetel. Encore que, pour gagner du temps, il se confirme que Vivendi est en train de préparer une action en référé pour obtenir un report d'au moins un mois de la date limite d'exercice de son droit de préemption.Ensuite, Jean-René Fourtou et ses troupes doivent convaincre les banques de l'intérêt du projet. "Il est demandé aux banques de faire une chose plutôt inhabituelle: prendre effectivement à leur charge le risque en capital de Cegetel", note un banquier cité par l'agence de presse. Mais, et c'est un point encourageant pour Vivendi, "avec un cash-flow libre de près d'un milliard d'euros par an [pour Cegetel], cela ne m'empêcherait pas de dormir", observe un autre financier. Toujours selon Reuters, les banques en contact avec Vivendi sont Crédit Suisse First Boston, Crédit Agricole Indosuez et le Crédit Lyonnais. L'AFP ajoute de son côté le nom de Royal Bank of Scotland. Les négociations, portant sur la part du produit de cession de l'édition devant financer la nouvelle société, devraient être conclues vendredi, voire lundi au plus tard.Dernier obstacle: Vodafone ne se laissera sans doute pas priver de la victoire sans réagir. Chris Gent, le directeur général de l'opérateur britannique, a certes réaffirmé aujourd'hui à Londres que, si Vivendi refusait son offre, "il n'y aurait pas de révision à la hausse" du prix proposé. En revanche, le groupe examinera de très près les modalités du montage mis au point par VU et ses banques conseils. D'ores et déjà, Chris Gent a souligné que le pacte d'actionnaires interdit à Vivendi de racheter les parts de ses partenaires dans le capital de Cegetel en utilisant un montage hors bilan. Tout véhicule utilisé par VU pour acheter ces blocs d'actions doit lui appartenir au moins à 51%, a-t-il précisé. Ce qui laisse présager de possibles complications judiciaires, si les conseillers de Jean-René Fourtou font preuve de trop de créativité juridique...L'action Vivendi Universal se remet timidement de sa chute de près de 20% enregistrée en trois séance. Jeudi soir, elle avance de 5,63% à 12,75 euros.
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