Le gouvernement contraint d'entériner le dérapage des finances publiques

Le gouvernement doit se résoudre à l'admettre : la fin d'année ne réserve aucune bonne surprise à l'économie hexagonale. La croissance du produit intérieur brut (PIB) en 2002, de l'aveu même du ministre délégué au Budget, devrait être limitée à 1%. Les craintes exprimées fin octobre par Alain Lambert quand il indiquait que l'activité afficherait une progression peut-être plus proche de 1% que de 1,2%, dernière prévision du gouvernement, se réalisent donc. Conséquence directe de cet affaiblissement de l'économie: un dérapage du déficit des comptes publics de la France. Cette année, il devrait représenter finalement 2,8% du PIB, a indiqué le ministère de l'Economie et des Finances, confirmant les informations de La Tribune de ce matin (lire ci-contre). C'est 0,2 point de plus que prévu et cela confirme les craintes exprimées par Bruxelles quant aux capacités de la France de respecter les règles du Pacte de stabilité et de croissance, à savoir ne pas dépasser la limite des 3%. Selon Bercy, la dégradation du déficit des comptes publics à 2,8%, est due pour moitié au déficit de l'Etat et pour l'autre moitié à la détérioration du régime d'assurance-chômage. L'Unedic s'attend à enregistrer à la fin de cette année un déficit de 3,7 milliards d'euros. L'aggravation du déficit budgétaire, désormais évalué à 46,8 milliards d'euros, est due à des moindres recettes fiscales - le manque à gagner est de 1,55 milliard d'euros - et à de nouvelles ouvertures de crédits pour 2 milliards d'euros. Les annulations d'autres dépenses pour 2,6 milliards d'euros n'auront servi qu'à atténuer le dérapage.Soucieux de ne pas provoquer davantage la colère de Bruxelles, qui a déjà lancé une procédure "d'alerte précoce pour déficit excessif" à l'encontre de la France, le gouvernement maintient sa prévision du déficit des comptes publics en 2003, à 2,6% du PIB. "Nous ferons les efforts en 2003 pour qu'il n'y ait pas de dégradation du déficit voté à l'Assemblée nationale", a assuré Alain Lambert. Il n'est pas sûr que ces propos convainquent la Commission européenne. Hier, le commissaire aux Affaires économiques Pedro Solbes a jugé que le risque pour la France de dépasser la barre des 3% du PIB pour son déficit était "très concret" et a qualifié de "préoccupante" la "dérive des comptes" publics français.Le budget 2003, bâti sur une hypothèse de croissance de 2,5% qui reste inchangée comme l'a répété encore aujourd'hui le ministre de l'Economie Francis Mer, va devoir prendre en compte le ralentissement des recettes fiscales. Bercy en convient d'ailleurs, estimant à 700 millions d'euros les pertes dues l'année prochaine à des moindres rentrées de TVA et d'impôts sur le revenu. Mais le gouvernement dit avoir déjà trouvé l'entière compensation, ce qui lui permet de maintenir à 44,6 milliards d'euros son objectif de déficit budgétaire pour l'an prochain.
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