"L'absence des candidats sur le problème de la sécurité au travail est honteuse"

La Tribune - La campagne présidentielle actuelle répond-elle à vos attentes ?Jacky Dintinger - Pour l'instant, les programmes des deux principaux candidats restent plutôt flous et se ressemblent beaucoup. Peut-être réservent-ils leurs propositions pour l'entre deux-tours, mais la campagne semble bien fade. Nous avons toutefois identifié certaines idées qui, chez les uns ou les autres, ont pu être inspirées de nos propositions.Par exemple ? Sur la formation professionnelle, nous avions déjà formulé l'idée d'un "chèque formation". De même, sur le thème de la famille, nous avons retrouvé plusieurs de nos idées dans les programmes des candidats.Sur quels points les candidats vous ont-ils déçus ?Principalement sur la sécurité au travail et les conditions de travail. Le 28 avril est le jour commémorant la mémoire des tués et des accidentés du travail. Nous considérons que l'absence des candidats sur ce sujet est honteuse. En France, 800 personnes meurent chaque année du fait d'accidents du travail. La situation s'aggrave d'ailleurs chaque année un peu plus. Les entreprises, qui ne peuvent plus faire d'économies sur les matières premières, cherchent à améliorer toujours plus leur productivité, ce qui entraîne une augmentation du stress et du harcèlement. Les 35 heures n'ont d'ailleurs pas amélioré la situation. Nous voulons être présents sur ce domaine pour faire prendre conscience, par l'action syndicale, des dangers de cette situation.Sur le thème de la réforme de la retraite, êtes-vous favorable à la mise en place de compléments à la retraite par répartition ?En aucun cas. Nous sommes pour le maintien de la retraite par répartition qui assure la solidarité entre les générations et entre les salariés. Etablir des compléments serait mettre le doigt dans un engrenage qui conduirait à la dissolution du système actuel. Si l'Etat a de l'argent pour mettre en place un système par capitalisation, il serait préférable qu'il l'investisse dans le système par répartition.Le choix de l'épargne salariale comme complément de retraite ne vous paraît pas heureux ?Nous sommes favorables à l'épargne salariale si elle ne devient pas un substitut à la politique salariale ou à la retraite. Cette épargne doit profiter aux salariés et non pas jouer contre eux.Comment alors financer le système des retraites à moyen terme ?Le financement doit se trouver dans les entreprises, mais pas en faisant porter le fardeau sur la masse salariale. Je considère que nous devons reverser une partie des énormes gains de productivité des entreprises au système de retraite.Quelle est votre position sur l'âge du départ en retraite ?Nous souhaitons absolument le maintien de la retraite à 60 ans. Nous considérons que nous ne devons pas travailler plus longtemps parce que nous vivons plus longtemps. Le cadre de l'entreprise n'est d'ailleurs plus adapté aujourd'hui aux travailleurs de plus de 60 ans. En revanche, nous soutenons l'idée d'une personnalisation de l'âge de la retraite. Nous ne sommes pas opposés à ce que des personnes décident volontairement de travailler plus, et gagnent ainsi un complément de retraite. Mais nous estimons également que tous les salariés qui comptent 40 années de cotisations doivent partir immédiatement en retraite s'ils le souhaitent, quel que soit leur âge.Sur le dialogue social, quelles sont vos attentes ?La CFTC considère qu'il n'y a pas eu de dialogue social sous le dernier gouvernement. Nous n'avons pu rencontrer le Premier ministre pour la première fois qu'en juillet 2001. C'est inacceptable. Nous nous réjouissons donc que la plupart des candidats placent le contrat avant la loi dans le dialogue social. Nous devons toujours commencer par la négociation, l'Etat ne devant intervenir qu'en cas de blocage. Mais les organisations syndicales et patronales devront également réussir à s'approprier cette nouvelle forme de dialogue social.Les accords dans les entreprises et les branches doivent-il devenir majoritaires comme le propose Lionel Jospin ?L'accord majoritaire ne nous fait pas peur. Nous parviendrons à faire entendre notre voix dans ce cadre. Toutefois, je considère que le principe de l'accord minoritaire actuel correspond mieux à la vie sociale française. Je pense que la France n'est pas prête à passer au système de l'accord majoritaire.Etes-vous favorable à une modification du système de représentativité syndicale ?De grandes élections sociales doivent être organisées. Tous les citoyens doivent pouvoir y participer et une vraie campagne doit avoir lieu. La représentativité ne peut s'appuyer que sur de telles élections, où chacun sera concerné.Comment faire avancer la réforme du système de santé ?Il faut éviter à tout prix la privatisation de la sécurité sociale. Pour réussir la réforme du système de santé, il faut organiser un véritable "Grenelle de la santé" où l'on pourra remettre l'ensemble des problèmes sur la table et travailler à rendre le système plus efficace. Evidemment, cela suppose le retour du patronat qui doit, dans ce domaine, prendre ses responsabilités.Propos recueillis par Romaric God
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