EDF menacé par Moody's en cas d'ouverture du capital

EDF reste décidément une épine dans le pied des gouvernements français, quelle que soit leur couleur politique. En mars, le gouvernement Jospin avait dû batailler ferme lors du sommet de Barcelone pour conserver jusqu'en 2006 le monopole de l'opérateur sur le marché français des particuliers. Aujourd'hui, alors que Jean-Pierre Raffarin a annoncé lors de son discours de politique générale l'ouverture du capital du numéro un européen de l'électricité, c'est l'agence de notation Moody's qui menace : si le statut change, la note risque également d'être modifiée. Actuellement, EDF bénéficie de la très convoitée note AAA chez Moody's, la plus élevée, ce qui lui permet de trouver facilement preneur pour ses obligations et de les rémunérer à un taux avantageux. Une dégradation rend plus difficile, et surtout plus coûteuse, l'émission d'obligations sur les marchés internationaux. A titre de comparaison, E.ON, le principal concurrent d'EDF, qui est une entreprise entièrement privée, ne bénéficie que d'une note AA2, deux niveaux au-dessous de sa rivale française.Pour Moody's, l'ouverture du capital mettrait en cause certains éléments qui contribuent à la note d'EDF. Selon l'agence de notation, le statut d'établissement public à caractère industriel et commercial (EPIC) lui offre un marché domestique captif et une trésorerie abondante. Une ouverture du capital favoriserait certes la flexibilité financière de l'entreprise, mais l'opération supposerait également l'ouverture du marché français et le renforcement des pressions venant des autorités régulatrices européennes. En bref, s'il n'est plus détenu à 100% par l'Etat, EDF sera plus dépendant de l'évolution du marché qu'il ne l'est aujourd'hui. Moody's indique que, par le passé, l'ouverture du capital d'entreprises du même type a provoqué un abaissement de la notation. Ainsi, la société énergétique suédoise Vattenfall, détenue encore en partie par l'Etat, est notée AA3. L'agence de notation précise cependant qu'il ne s'agit que d'une mise en garde et que l'évolution de la note d'EDF dépendra des modalités de l'ouverture du capital, de son ampleur et de son calendrier. Mais le gouvernement français devra, avant toute ouverture du capital, prendre en compte ces éléments.
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