La consommation vacille, la croissance faiblit

Simple faux-pas ou signe avant-coureur d'un affaiblissement durable ? Le recul en septembre de 1,2% des dépenses de consommation des ménages en produits manufacturés devrait alimenter les conversations au sein du gouvernement comme dans les milieux économiques. Les spécialistes ont en effet l'oeil rivé sur cet indicateur, révélateur de l'appétit consumériste des Français. Cet année, à l'exception d'un trou d'air en mai, les dépenses de consommation des ménages ont toujours été orientées à la hausse et c'est justement cette solidité qui a permis à l'économie française de résister à la morosité de la conjoncture. Sur un an, les dépenses de consommation affichent une progression de 1,5%.La baisse de septembre génère donc des inquiétudes dans la mesure où une contraction continue des dépenses de consommation sonnerait le glas des espérances de reprise formulées ici ou là pour 2003. D'autant que le paysage économique n'est guère réjouissant. Alors que les entreprises gèlent leurs investissements, le chômage augmente tout comme les faillites d'entreprises (+8% depuis le début de l'année), ce qui ne devrait en rien doper la demande interne, dernier moteur encore performant de la croissance française. Comme les chefs d'entreprises, circonspects quant à l'avenir en raison d'un manque de visibilité, les consommateurs se font plus prudents et ils devraient le rester. Selon Philippe Waechter, chef économiste de Banque Populaire Asset Management, "compte tenu de la dégradation du marché du travail et de la baisse des indicateurs de confiance des ménages, on ne peut pas anticiper un rebond rapide, fort et durable de la consommation. Les chiffres du dernier trimestre devraient présenter un ralentissement assez marqué". En resserrant les cordons de la bourse, les Français pourraient porter un coup fatal à la croissance, renforçant la frilosité des entreprises et installant l'économie française dans un dangereux cercle vicieux. Les industriels vont être tentés de réduire encore plus investissements et embauches, ce qui aura pour conséquence de réduire encore plus la propension à consommer des ménages, et ainsi de suite.Au gouvernement, Alain Lambert est conscient du risque que fait peser cette éventuelle baisse de la consommation sur l'activité. Le ministre du Budget a estimé ce matin que la croissance en 2002, "sera entre 1% et 1,2%, peut-être plus proche d'ailleurs de 1%". Laure Maillard, économiste chez CDC-Ixis, est plus formelle. Elle révise à la baisse ses prévisions de croissance pour cette année mais aussi pour l'année prochaine. Selon elle, la croissance française ne sera que de 1% en 2002 et de 1,7% en 2003. On est loin de l'hypothèse d'une croissance du PIB de 2,5% l'an prochain dont s'est servi le gouvernement pour bâtir son budget 2003 ou des 3% que le ministre de l'Economie Francis Mer estime possible d'atteindre en cas d'évolution positive du dossier irakien.Dans ce contexte, la France, même si sa situation n'est pas aussi difficile que son voisin allemand, joue gros dans les mois à venir. En décidant de faire confiance aux entreprises à travers les baisses d'impôts et de charges - des réductions qui se montent au total à 2,97 milliards d'euros dans le projet de loi de finances pour 2003 - pour relancer l'économie, le gouvernement a fait un choix risqué, mais conforme à sa vision libérale de l'économie, tant il est vrai que l'on ne force pas une entreprise à embaucher.
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