Le gouvernement prévoit un déficit de 46 milliards en 2002

Gonflement du déficit. On attendait 45 milliards d'euros, ce sera 46. Le gouvernement de Jean-Pierre Raffarin a décidé de se donner les moyens de son action sur l'année 2002, quitte à alourdir encore un peu le déficit budgétaire du pays. Ainsi, Bercy s'est fixé comme objectif la fourchette haute du déficit 2002 estimé par l'audit (44,6 milliards d'euros), alourdie des 1,4 milliard d'euros utilisés pour financer en partie la réduction de 5% de l'impôt sur le revenu (IR). Dans son projet de loi de finance rectificative (PLFR), qui doit être voté le 18 juillet au Parlement, le gouvernement a donc voulu conserver une certaine marge de manoeuvre. La prise en compte de la fourchette haute de l'estimation de l'audit lui permettra de "limiter la casse" si la réalité est un peu meilleure. On peut en effet considérer que si le gouvernement lance rapidement un programme de réduction des dépenses, la fourchette basse de l'estimation de l'audit (41,9 milliards d'euros) est à sa portée, ce qui dégagerait 2,7 milliards d'euros. D'autant que l'hypothèse de croissance de l'audit était plutôt pessimiste (1,3%). En bref, le gouvernement se réserve peut-être de bonnes surprises pour la fin de l'année. Et, en attendant, il n'hésite pas déjà à invoquer l'héritage Jospin pour justifier ce gonflement du déficit budgétaire 2002. Une source proche du gouvernement indiquait ainsi à l'AFP que ce PLFR n'avait "d'autre ambition que de tirer les conséquences de l'audit". Avant d'ajouter : "le collectif est une survivance de Jospin, ce n'est pas un collectif Raffarin". Baisse d'impôts. En ce qui concerne la baisse de l'IR, dont le coût est estimé à 2,5 milliards d'euros, le gouvernement entend la financer à hauteur de 1,1 milliard d'euros par des mesures "d'économies techniques". Mais la réalisation concrète de ces économies reste encore à préciser. Ce matin, l'AFP révélait que la hausse prévue des dépenses de seulement 0,2% en 2003 serait, selon des sources gouvernementales, "très difficile à tenir". A noter à ce propos que, dans une conférence de presse donnée cet après-midi, Francis Mer a démenti qu'une nouvelle baisse d'impôts était d'ores et déjà décidée pour 2003. Selon lui, les propos tenus hier par Alain Lambert (lire ci-contre) signifiaient uniquement que la baisse d'impôts de 2002 serait maintenue l'année prochaine. En clair, le gouvernement n'a pas projeté de remonter l'IR de 5% en 2003, après l'avoir diminué d'autant cette année... Pour de nouvelles baisses, Francis Mer considère qu'il est "encore un peu prématuré". L'annonce faite par le ministre du Budget hier d'une "baisse d'impôt reconduite en 2003" aurait donc fait l'objet d'erreurs d'interprétations de la part des médias, laisse-t-on entendre à Bercy. Enjeu européen. Il n'en reste pas moins que l'actuel gouvernement va au devant de graves tensions avec l'Union européenne. Avec un déficit de 46 milliards d'euros, la France dépasse en effet la limité de 3% du PIB fixée par le traité de Maastricht. Le gouvernement se livrera néanmoins sur ce sujet à un numéro d'équilibriste, puisque, selon Alain Lambert qui s'exprimait cet après-midi dans une tribune au journal Le Monde, le déficit des comptes publics, qui prend en compte l'excédent des administrations locales, ne dépassera pas 38 milliards d'euros, soit 2,6% du PIB. Or, c'est ce solde qui est pris en compte dans le cadre du pacte de stabilité et de croissance européen. Selon Francis Mer, il n'ya donc "aucune inquiétude à avoir".Il n'en reste pas moins que la France sera sous surveillance de Bruxelles cette année, comma l'a d'ailleurs précisé le commissaire européen Pedro Solbes dans une interview au journal allemand Berlinerzeitung (lire ci-contre), n'hésitant pas à parler de sanctions si nécessaire.
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