L'Afssa favorable à la levée de l'embargo sur le boeuf britannique

Par latribune.fr  |   |  616  mots
L'embargo imposé en 1996 par la France sur les importations de boeuf britannique toucherait-il à sa fin ? La question est posée après le feu vert rendu par l'Afssa, l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments. Saisi il y a un peu plus de trois mois par le gouvernement d'une demande d'avis sur la sécurité respective de la viande bovine britannique et de la viande bovine française, l'organisme a rendu ses conclusions ce matin. Dans son avis, l'Afssa considère que "la possibilité d'importer des viandes bovines ne serait pas de nature à remettre en cause le niveau de sécurité actuellement garanti au consommateur en France".Peu après la publication de cet avis, un communiqué commun aux ministères de l'Agriculture et de la Santé et au secrétariat d'Etat au Commerce précise que, "dans un délai maximum de dix jours, les trois ministres remettront leurs conclusions au Premier ministre afin que le gouvernement prenne sa décision ". Durant ce délai, les administrations vont consulter les représentants des consommateurs et des filières concernées.Dans ses commentaires, l'Afssa souligne que le contexte a changé depuis 1999 date à laquelle elle avait rendu un avis défavorable à la levée de l'embargo. Tout d'abord, concernant la situation en France, les experts qualifient de "risque résiduel très faible" la probabilité d'être exposé à l'ESB (encéphalopathie spongiforme bovine). Selon les chiffres de l'Afssa, "c'est au maximum un animal infectieux non détecté par les tests quiserait susceptible d'entrer dans la chaîne alimentaire parmi les 2,3 millions d'animaux abattus et testés en France". Au Royaume-Uni, l'Afssa note que le nombre de cas d'ESB a diminué. "Il y avait 650 cas par million de bovins au Royaume-Uni en 1999, contre 2 cas par million en 1999 en France. En 2002, cet écart s'est très sensiblement réduit puisqu'il est d'un facteur compris, selon les données observées, entre 7 et 10".Après ce constat, l'Afssa soumet aux pouvoirs publics trois pistes pour la reprise des importations de viande bovine britannique : importation uniquement d'animaux agés de moins de 24 mois (non susceptibles d'être atteints par l'ESB), l'ensemble des bovins mais avec une obligation de dépistage pour ceux de plus de 24 mois, tout le cheptel destiné à l'exportation. A l'heure actuelle, la Grande Bretagne a mis en place un système d'exportation comportant une série de garanties. Ne sont exportables que les bovins de 6 à 30 mois. Or, depuis la mise en place de ce régime, aucun bovin malade n'a été trouvé dans cette population.La France est actuellement le seul pays de l'Union européenne à maintenir un embargo à l'encontre des exportations britanniques de viande bovine. Cette décision suscite bien évidemment une polémique avec Londres et les éleveurs britanniques, l'Hexagone représentant leur deuxième marché à l'export avec plus de 500 millions d'euros par an. Condamné une première fois par la Cour européenne de justice (CEJ) en décembre 2001 pour ne pas avoir levé son embargo, Paris se trouve aujourd'hui sous la menace de sanctions financières, la Commission européenne ayant de nouveau saisi la CEJ en juillet. Depuis l'apparition de l'ESB sur son territoire au milieu des années 1980, le Royaume-Uni a recensé plus de 180.000 cas de cette maladie chez les bovins. D'après un rapport du ministère britannique de la Santé, depuis 1995, 121 cas de nMCJ (nouveau variant de la maladie de Creutzfeldt-Jakob, forme humaine de l'ESB) ont été enregistrés dans le pays, dont 10 ne sont pas décédés. Comparativement en France, les autorités sanitaires ont recensé à ce jour 700 cas de vache folle depuis 1991. Six personnes dont cinq sont mortes ont été atteintes du nMCJ.