Le risque d'inflation en Allemagne affaiblit l'euro

Les chiffres régionaux des prix à la consommation pour le mois de mars réactivent le risque d'inflation outre-Rhin. En milieu de journée, quatre länder allemands, sur les six qui servent de base à l'estimation de l'inflation au niveau fédéral, ont annoncé l'évolution de leurs prix à la consommation pour mars 2002. En Bavière, Etat qui représente 15% de la population totale du pays, les prix à la consommation ont progressé de 0,3% entre février et mars, soit une hausse en glissement annuel de 2%. En février, l'inflation en glissement annuel était de 1,8%.Dans le troisième Etat d'Allemagne par sa population, le Bade Wurtemberg, la hausse mensuelle est la même qu'en Bavière (0,3%), mais cette progression porte l'inflation annuelle à 2,1%, contre 1,9% en février.En Hesse (6 millions d'habitants), la hausse des prix est restée plus modérée puisqu'elle est de 0,2% sur un mois et 1,8% sur un an (contre 1,7% en février). Enfin, dans le land de Saxe, le plus peuplé de l'ancienne RDA, la hausse mensuelle a été de 0,1% en février sur un mois et de 1,6% sur un an (chiffres stables par rapport à février).Ces hausses s'expliquent notamment par une progression importante des prix de l'énergie. Ainsi, en Bavière comme en Bade-Wurtemberg, les prix de ce secteur ont progressé de 0,9% entre février et mars. Cette hausse a entraîné des hausses pour les transports (+1,9% en Bavière, +1,2% en Bade-Wurtemberg). Mais, le prix des services s'enflamme également (+2,6% sur un mois en Bavière).Il faudra sans doute attendre les chiffres du land le plus peuplé du pays, la Rhénanie du Nord-Westphalie, pour en avoir confirmation, mais il semble désormais possible que l'inflation allemande passe en mars et en glissement annuel au-dessus des 2%, soit au-dessus de l'objectif maximum fixé par la BCE. En février, l'inflation de la zone euro s'était située à 2,4%, mais celle de la première économie de la zone était restée nettement en deçà avec un chiffre en glissement annuel de 1,7%.Ces chiffres viennent démentir l'optimisme qu'Otmar Issing, l'économiste en chef de la BCE, avait montré mercredi (lire ci-contre). Pour lui, la flambée d'inflation des deux premiers mois de l'année était due à des phénomènes saisonniers. Il avait prédit un retour sous la barre annuelle des 2% au cours du deuxième semestre, mais avait affirmé que la BCE restait vigilante.En fait, il apparaît que la timide reprise qui se dessine dans la zone euro, et particulièrement en Allemagne, pourrait s'accompagner d'une inflation soutenue. La possibilité d'une hausse des taux de la BCE semble donc se rapprocher très rapidement. Elle se rallierait alors à l'exemple donné par la banque centrale suédoise qui, mardi dernier, a été la première en Europe à relever son taux de base d'un quart de point pour contenir une inflation qui atteint 2,7% en rythme annuel en février.Comme l'a confirmé Otmar Issing, la BCE est désormais persuadé que le rebond européen est engagé. C'est pourquoi elle n'hésitera plus à relever ses taux. Mais, il semble difficile d'estimer l'impact d'une telle opération sur certaines composantes de la demande finale européenne et, donc, à terme, sur la croissance elle-même.Quoi qu'il en soit, cette possibilité d'un relèvement des taux inquiète les marchés qui se sont détournés de l'euro à l'annonce des chiffres allemands.A 14h30, la devise européenne était repassée sous les 88 cents à 0,8792 dollars, avant de se reprende quelque peu ensuite. En fin de journée, la monnaie unique des Douze reculait une nouvelle fois sous les 88 cents. A 18h, un euro s'échangeait contre 0,8793 dollars.Mais, ces chiffres sont une mauvaise nouvelle de plus pour Gerhard Schröder. Au lendemain du dépôt de bilan de Philipp Holzmann, la marge de manoeuvre du chancelier candidat se limite encore un peu plus, alors que le plus grand syndicat du pays, IG Metall demande des augmentations de salaires de 6,5% et menace de lancer des grèves dures.latribune.f

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