La croissance s'est enrhumée en France au quatrième trimestre

Comparé aux déboires traversés par l'Allemagne, on croyait la croissance française relativement imperméable aux conséquences du ralentissement économique mondial. Cette certitude a été ébranlée ce matin après la publication par l'Insee de sa première estimation des chiffres du produit intérieur brut pour le quatrième trimestre. L'économie française a enregistré sur les trois derniers mois de 2001 une contraction de 0,1% de son produit intérieur brut (PIB), après une hausse de 0,5% au troisième trimestre, ce qui limite à 2,0% la croissance 2001 après 3,6% en 2000. Il s'agit du premier trimestre de croissance négative sous le gouvernement de Lionel Jospin. Il faut en effet remonter au quatrième trimestre 1996 pour voir le produit intérieur brut pareillement se contracter de 0,1%. Le consensus des analystes interrogés par Reuters anticipait une croissance nulle sur les trois derniers mois de l'année, comme l'avait aussi prévu l'Insee dans sa dernière note de conjoncture. Le fléchissement du quatrième trimestre 2001 vient à la fois d'un net ralentissement de la consommation des ménages - sa croissance a été ramenée à 0,2% après 1,1% au troisième trimestre -, d'une baisse de 0,2% de l'investissement des entreprises et d'un nouveau mouvement de déstockage qui a fait perdre à lui seul 0,4 point de PIB. Ce coup d'arrêt à la croissance a toutefois été partiellement amorti par une contribution positive de 0,1 point des échanges extérieurs. Les exportations ont certes baissé de 3,8% mais le recul des importations a été encore plus fort (-4,7%), cette dégradation touchant tous les produits et plus particulièrement les biens intermédiaires, précise l'Insee.Sur l'ensemble de l'année, la consommation des ménages, en hausse de 2,5% (contre 2,9% en 2000), a constitué le principal moteur de la croissance française, avec l'investissement des entreprises qui s'est toutefois ralenti de près de moitié (+3,8% après +7,2% en 2000). Dans ces conditions, on ne peut que s'inquiéter pour les prochains mois. En effet, en janvier la consommation a montré des signes de faiblesse, reculant de 0,4% (lire article ci-contre). Quant à l'investissement, les industriels ont indiqué récemment qu'ils avaient l'intention de les réduire de 3% cette année. Les prévisions gouvernementales, qui tablent sur une croissance du PIB de 1,5% en 2002, risquent bien d'être difficiles à atteindre si un net mouvement de reprise de l'économie mondiale ne s'amorce pas rapidement. Emmanuel Ferry, économiste chez Exane cité par Reuters, tire les premières leçons de ces chiffres, estimant que "la zone euro comptait sur la France pour soutenir la croissance au quatrième trimestre, mais la France est elle aussi menacée par la récession. La France n'est plus protégée contre le ralentissement global de l'économie". D'autres économistes tiennent cependant à relativiser la portée négative des statistiques publiées ce matin. C'est notamment le cas de Stéphane Déo d'UBS Warburg. Ce dernier interprète comme un signe encourageant le fort déstockage enregistré au quatrième trimestre. Pour lui cela signifie que, "même si la demande se stabilise sur ses niveaux actuels et que les stocks restent stables, nous devrions quand même constater un rebond technique de la croissance". Et d'ajouter, "ces chiffres confirment notre opinion d'un quatrième trimestre 2001 qui a été le plus faible de l'année en termes d'activité et nous devrions avoir une reprise, même si elle sera très faible, au début de 2002".Au ministère de l'Economie et des Finances, on se veut rassurant. Dans un communiqué, Bercy souligne que la contraction du PIB enregistrée en France au quatrième trimestre ne remet pas en cause "les prévisions positives de redémarrage de l'activité en 2002". Imputant cette contre-performance "à la chute de l'économie mondiale et particulièrement à la tragédie du 11 septembre", le ministère relève que "le creux de l'activité fin 2001 n'efface nullement la bonne performance de la France depuis 4 ans". Ces arguments prennent évidemment tout leur sens alors que la campagne électorale pour le scrutin présidentiel est désormais lancée. Le bilan économique de Lionel Jospin, aux commandes depuis 1997, devrait en effet être l'un des sujets débattus par les candidats. latribune.f
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