La France refuse toujours l'équilibre budgétaire en 2004

Le nouveau gouvernement français essaie toujours de ne pas s'engager sur le retour à l'équilibre budgétaire en 2004. Hier soir, à la réunion de l'eurogroupe, seule la France a refusé de s'engager sur une date précise. Francis Mer, le ministre de l'Economie et des Finances a rappelé que Paris restait engagé dans la rigueur budgétaire, mais sans date précise de retour à l'équilibre de ses comptes publics. Selon le ministre espagnol Rodrigo Rato, la date de 2004 reste "entre crochets" en ce qui concerne la France. Reste à savoir ce que signifie cet "entre crochets". Le gouvernement souhaite-t-il conserver l'idée du candidat Chirac de repousser l'échéance à 2007 ou ne veut-il que repousser son accord à la date de 2004 au lendemain des élections législatives? Interrogé sur ce point mardi après-midi lors de la réunion des ministres des Finances de l'UE (Ecofin) à Luxembourg, Francis Mer a demandé qu'on "ne s'accroche pas à une date symbole". "C'est l'objectif qui compte, ce n'est pas tel ou tel pourcentage précis ou tel ou tel chiffre précis", a-t-il précisé. La France entendrait donc mener une politique de rigueur à son rythme, loin des engagements pris à Barcelone en mars dernier.Comment le gouvernement pourra-t-il alors gérer cette particularité avec ses partenaires ? La question mérite d'être posée puisque, encore aujourd'hui, plusieurs ministres de petits pays européens se sont élevés contre la remise en cause de la date-butoir. Le Premier ministre et ministre des Finances luxembourgeois Jean-Claude Juncker a ainsi demandé qu'on "s'en tienne aux décisions de Barcelone". Le ministre autrichien des Finances, Karl-Heinz Grasser a, quant à lui, rappelé que la date de 2004 n'était "pas renégociable".La Commission a également critiqué implicitement l'attitude française par la voix du Commissaire aux Affaires monétaires, Pedro Solbes, qui a une nouvelle fois indiqué que le respect des engagements est indispensable pour rendre "crédible tout le processus de réforme économique de l'UE". Il a également rappelé qu'une période de reprise devait être "une chance" dont il fallait profiter pour revenir à l'équilibre budgétaire.Francis Mer a cependant dressé une esquisse de la stratégie française. Bercy entend s'appuyer sur des pays qui, comme le Portugal ou l'Allemagne, ont des problèmes budgétaires et pourraient être tentés par un renvoi sine die de l'équilibre budgétaire. "Il faudra qu'avec quelques autres pays on essaye de trouver un langage commun permettant d'assurer, de répéter la crédibilité et l'engagement européen de chaque pays quitte à le faire, disons, dans des termes qui permettent d'assurer le maintien du cap sans forcément être obligé de respecter à la lettre quelque chose qui a toujours été exprimé en termes de principe", a expliqué le ministre des Finances. Seul problème dans cette stratégie : aucun des pays en question ne souhaite revenir sur la date de 2004. Le Portugal a lancé hier un programme drastique pour tenir ses engagements et l'Allemagne a maintes fois refusé de revenir sur l'objectif de 2004, malgré ses difficultés budgétaires. Le gouvernement français prendrait-il alors le risque d'être isolé sur le sujet et de provoquer une crise ?
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